Un article du Dossier

Chiffres-clés 2011 : la récession évitée de justesse

L’année 2011 a été marquée par une baisse des prix de l’Internet et par l’introduction de la 3G (ou téléphonie mobile de troisième génération) au Liban.
Ces deux mesures phares ont été rendues possibles grâce à l’augmentation de la capacité internationale du pays, de 3 à 23 gigabits par seconde (Gbps), notamment via l’activation du câble IMEWE (India Middle East Western Europe) en juillet 2011.
Les décisions d’investissement en infrastructures lancées en 2010 ont également commencé à porter leurs fruits : quelque 120 millions de dollars ont été investis ou sont en cours d’investissement pour améliorer la connectivité locale, qu’elle soit fixe ou mobile.
Le 23 août 2011, le Conseil des ministres a approuvé un décret destiné à réduire en moyenne de 80 % les tarifs de la transmission de données au Liban, dont le service Internet, mais aussi les lignes dédiées (leased lines) utilisées par les entreprises. Le décret est entré en vigueur début octobre.
Le prix du E1 (2 Mbps), l’unité de mesure de la bande passante internationale, est ainsi passé de 2 700-3 000 dollars par mois à 300-320 dollars (auxquels s’ajoute un coût d’interconnexion de 100 dollars). Les entreprises peuvent désormais obtenir une ligne dédiée de 256 Kbps pour 274 dollars, contre 5 480 dollars précédemment, et une ligne internationale dédiée à 2 742 au lieu de 15 483 dollars précédemment.
En ce qui concerne le grand public, l’offre la moins chère du ministère des Télécommunications, distribuée via Ogero, est tombée de 23 dollars à 16 dollars par mois, dans le même temps que la vitesse minimale théorique est passée de 128 Kbps à 1 Mbps et que la capacité de consommation a été multipliée par deux, de 2 à 4 gigabytes (GB). L’offre la plus haute porte sur une vitesse de 8 Mbps, avec une capacité de 30 GB, pour 115 dollars par mois.
Le ministère via Ogero assurant la majorité des abonnements Internet, les prix qu’il pratique servent de référence au reste du secteur, qui s’est aligné sur ces offres. La baisse des prix a permis une augmentation de la pénétration d’Internet : on est passé de 224 000 abonnements en août 2011 à 400 000 en mars 2012 (dont 120 000 illégaux).

Introduction de la 3G

Par ailleurs, la 3G, ou technologie de transmission de données mobiles de troisième génération, a été lancée en octobre 2011 à Beyrouth.
Permettant des vitesses de transmission bien supérieures à la technologie précédente, ou 2G, son déploiement sur le territoire libanais est progressif et est encore en cours. Quelque 1 000 sites ont déjà été installés par les opérateurs de téléphonie mobile Alfa et MTC Touch, et 200 supplémentaires sont censés être déployés avant fin 2012.
Le tout a requis un investissement de 80 millions de dollars.
Les services de la 3G, vendus par Alfa et MTC Touch, ont séduit près de 550 000 consommateurs libanais au premier semestre 2012, cinq mois après leur lancement ; ils n’étaient que 80 000 à être connectés à l’Internet mobile avant le lancement de la 3G.
L’offre la moins chère est à 10 dollars par mois, pour une capacité de téléchargement de 100 mégabytes ; l’offre la plus chère est à 99 dollars pour 5 GB par mois.
Les consommateurs dénoncent cependant des prix encore excessifs pour des capacités toujours limitées, aussi bien pour l’Internet fixe (ADSL) que mobile (3G). Les prix sont fixés en Conseil des ministres, qui a pour préoccupation de maintenir, voire d’augmenter les revenus de l’État : en 2011, les Télécoms ont rapporté plus de deux milliards de dollars au gouvernement libanais, soit plus de 40 % du budget du Trésor public. Par ailleurs, l’infrastructure locale souffre encore d’obsolescence, empêchant l’octroi de plus grandes capacités aux consommateurs. Un plan de 40 millions de dollars prévoit le déploiement d’un réseau de 4 700 km de fibres optiques et la modernisation de centrales. Ce plan est en cours, mais sa première phase ne sera achevée que d’ici à fin 2012. Là encore, il faudra malheureusement compter avec une organisation défectueuse du secteur, qui risque de retarder la distribution de la bande passante supplémentaire.
Le secteur privé dénonce, quant à lui, une mainmise de l’État sur le marché de la transmission mobile des données. Alfa et MTC Touch ont en effet commencé à vendre aux consommateurs des clés 3G se connectant aux ordinateurs (et pas aux téléphones), leur permettant d’avoir accès à Internet sur tout le territoire couvert par le réseau de 3G (mais pas de passer de coups de fil).
Alfa et MTC Touch se positionnent ainsi en concurrence directe avec d’autres technologies de transmission de données sans fil, tels Wise et Mobi, précédemment l’apanage unique des DSP (Data Service Providers) du secteur privé… Il est prévu que ceux-ci vendent également ce type de service : la renégociation des contrats de gestion des opérateurs de téléphonie mobile signés début février 2012 prévoit que le secteur privé peut acheter de la bande passante mobile (3G) aux opérateurs à un prix de gros qui sera fixé en Conseil des ministres, pour la revendre à un prix de détail aux consommateurs. Mais rien n’a encore été fait.

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