Al Antabli, célèbre avant-guerre pour ses jus et pâtisseries, a signé en juin son grand retour dans les Souks de Beyrouth renouant ainsi avec son histoire. Comme par le passé, Al Antabli a élu domicile dans le souk Ayass, mais pas à l’endroit de la fontaine qui porte son nom, le local ayant été déjà loué. Al Antabli propose les jellabs et limonades préparés à la minute qui ont fait sa renommée mais également quelques jus de fruits, pâtisseries orientales et glaces artisanales que Adel al-Antabli fils et petit-fils des fondateurs de la marque concocte lui-même tous les jours. Le ticket moyen est de 5 000 livres libanaises. « Ce projet a requis un investissement de 100 000 dollars, un minimum de nos jours ; nous pensons rentabiliser en trois ans », explique Adel, qui continue de travailler selon les systèmes instaurés par son père, à savoir « une préparation au jour le jour, verre après verre avec des ingrédients achetés le matin même, des produits concoctés à la main et jamais à l’avance ». D’où son refus de se franchiser à l’étranger malgré les nombreuses demandes : « Franchiser tuerait la spécificité de mon enseigne. » La superficie du lieu avoisine les 25 m2. Hormis l’enseigne du souk, Adel al-Antabli gère également celle de Mar Élias ainsi que sa cuisine centrale.
Son retour dans les Souks n’était pas aussi aisé qu’il le pensait. Lors d’une de ses participations au Souk el-Barghout, marché aux puces organisé par Solidere dans les années 90 afin d’attirer à nouveau les Libanais vers le centre-ville, Adel avait rencontré Rafic Hariri alors Premier ministre qui lui aurait annoncé : « Tu resserviras bientôt tes jus dans les Souks à l’endroit de la fontaine. » Avec l’assassinat de Hariri et les retards accumulés du projet des Souks, Al Antabli a été « oublié » et n’y croyait plus jusqu’au jour où il est contacté par Solidere qui lui promet une place de choix au souk Ayass. « J’ai choisi la plus proche de la fontaine. »
Adel al-Antabli, fils de hajj Ahmad al-Antabli qui avait ouvert le lieu dans les années 60, a repris le flambeau très jeune, puisque dès l’âge de sept ans il passait des journées entières avec son père au café avant de commencer à y travailler à 13 ans. « À cette époque le loyer annuel s’élevait à 22 livres et nous avions signé un contrat directement avec Saïd Beik Ayass dont la rue porte le nom », se rappelle Antabli. La guerre les contraint de fermer en 1976, mais la famille continue de payer le loyer jusqu’en 1984. Après avoir déménagé tout le matériel de souk Ayass « sous les tirs », il inaugure une enseigne à Tarik Jdidé qui connaît un succès immédiat. Jusqu’en 1982, la famille Antabli ouvre deux autres établissements, un à Hamra et le deuxième au jardin Sanayeh, ainsi que trois magasins et une cuisine centrale, avant d’être contrainte par la guerre d’en fermer certains. « Mon père avait si bien organisé le travail et réparti les tâches que le lieu fonctionnait tout seul. Je continue selon le même modèle afin de léguer à mon fils une affaire viable à long terme. »