Barclays Capital a de nouveau revu ses prévisions de croissance pour le Liban à la baisse, tablant sur un taux de 1,8% pour 2012 contre 3,1% au mois de juin dernier et 3,6% au début de l’année.

La banque d’investissement britannique a attribué ces changements au net ralentissement de l’activité économique libanaise et à la possibilité que la situation se dégrade davantage dans les mois à venir. Selon Barclays Capital, la détérioration des conditions de sécurité depuis le mois de mai, les kidnappings à répétition, combinés aux menaces pesant sur les ressortissants du Golfe et les risques de contagion de la crise syrienne ont porté un coup sévère à l’économie libanaise sur le court et moyen terme.

Dans ses prévisions de croissance, l’institution britannique a indiqué que le secteur du tourisme avait été le plus affecté par les événements et l’instabilité régionale, avec un nombre de visiteurs, en particulier arabes, continuant à décliner, particulièrement après que les monarchies du Golfe ont interdit à leurs ressortissants de se rendre au pays du Cèdre. Par ailleurs, toujours selon les mêmes sources, l’activité de construction et le secteur immobilier poursuivent également leur tendance baissière, dans un contexte de volatilité politique et d’incertitudes qui ralentissent le lancement des projets, la consommation et l’investissement.

En parallèle, Barclays Capital a insisté sur le fait que l’impasse politique dans laquelle demeure le Liban et les politiques électorales menaçaient les finances publiques. A cet égard, la banque d’investissement a considéré une hausse des impositions comme un risque majeur pour l’économie, davantage que les risques de contagion du conflit syrien au Liban. Barclays Capital a ajouté que le dernier réajustement des salaires des fonctionnaires du public coûterait au Trésor entre un milliard et 1,5 milliard de dollars par an, ce qui est pratiquement l’équivalent de la moitié du déficit budgétaire du Liban en 2011.

La banque britannique a ajouté que le projet de budget 2013 comprenait une augmentation de 25% des dépenses ainsi que de nouvelles mesures d’impositions destinées à couvrir les dépenses et à maintenir le déficit à environ 3,5 milliards de dollars. Barclays Capital a noté que le projet de budget 2013 incluait une taxe sur les intérêts bancaires (les dépôts), ces derniers passant de 5 à 7%, ainsi qu’une taxe sur les plus-values issues des transactions immobilières.

La banque a ajouté que le gouvernement étudiait actuellement de nouvelles mesures d’impositions afin de financer le réajustement des salaires des fonctionnaires à la grille. Barclays Capital a ainsi mis en garde le gouvernement contre son insistance à vouloir coûte que coûte mettre en place ces nouvelles taxes en dépit du ralentissement économique, de la pression inflationniste et sans même considérer des mesures alternatives telles qu’une réduction des dépenses. Selon la banque, la mise en place de nouvelles taxes entraînerait indéniablement une rapide détérioration de la situation macroéconomique et budgétaire du pays.