Un article du Dossier

Le design libanais se forge une identité

D.R.
Une barre de savon en guise de douche, un transat en bois à remplir de sable ou d’eau pour retrouver les sensations de la mer, des chaises à badigeonner de miel et de graines de sésame pour attirer les oiseaux et qu’ils les picorent pour en refaire le dessin, des canapés en forme de lingot d’or exposés à la dernière Beirut Art Fair... tels sont quelques-uns des objets savamment pensés et conceptualisés de la toute nouvelle collection de meubles de Wyssem Nochi, architecte et designer libanais. « Il s’agit de design-art », explique celui qui a pour précepte le dixième commandement de Dieter Rahms : « Du bon design est aussi peu de design que possible.» Ce diplômé de la Parsons School of Design a longtemps enseigné à la LAU, à l’AUB et à l’USEK. Très sensible aux questions concernant l’environnement et le bien-être, il se déplace à Beyrouth à vélo, et a ouvert dès 2005 sa propre galerie de 100 mètres carrés, On-Off, au centre-ville. À l’été 2012, il a ouvert une deuxième branche, de 100 mètres carrés, à Hamra, collée au légendaire café Younès. « On-Off au centre-ville souffre de la proximité du Parlement et des sit-in à répétition, explique-t-il, et j’ai besoin d’une plate-forme pour partager l’information, promouvoir le design. » Wyssem Nochi produit, de manière semi-industrielle ou artisanale en fonction des créations, trois sortes d’objets : des pièces uniques proches de l’art, des “one-off” à huit exemplaires et des séries limitées. Son marché principal est à l’étranger, qu’il couvre à travers des expositions internationales. « Les Libanais sont trop occupés à survivre, à ramasser les pièces après chaque coup dur, pour avoir le temps ou l’esprit au design. » Il continue également ses projets d’architecture et d’intérieur en parallèle et gère des affaires familiales. « Le design au Liban ne peut pas être rentable seul, il faudrait une échelle de production industrielle. »
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