Un article du Dossier

Le design libanais se forge une identité

Dina Debbas
Escaliers transparents, panneaux coulissants surdimensionnés, ou toits ouvrants, le design de Karim Chaya s’applique souvent à de grandes surfaces. Les créations de ce designer sont intimement liées à celle d’une entreprise : ACID (pour Abillama, Chaya Industrial Design) du nom de ses fondateurs Karim Chaya et Raëd Abillama. Tous les deux ont fait leurs études aux États-Unis à Rhodes Island. Le premier en design industriel, le second en architecture. En 1997, ils s’emparent d’une niche et créent leur entreprise spécialisée en détails architecturaux : « Personne avant nous ne s’était intéressé au design et à la fabrication de colonnes d’interrupteurs ou de toit en verre », explique Karim Chaya. Cette niche est aujourd’hui devenue grande : en 2011, la société a réalisé un chiffre d’affaires de 7 millions de dollars. ACID a depuis élargi sa gamme de création et est reconnue tant pour la production d’escaliers sur mesure que pour ses meubles, comme ceux élaborés pour la boutique Lanvin de New York en 2010. Le tout produit dans l’usine qu’ACID possède au Liban et qui emploie aujourd’hui 170 personnes. « C’est beaucoup, explique Karim Chaya, je suis designer, je ne suis pas chef d’entreprise. »
C’est peut-être pour cette raison que parallèlement à son activité avec ACID, Karim Chaya a décidé de créer il y a plus de 10 ans Spock Design. Une manière de développer des projets plus expérimentaux, selon ses envies et non celles du marché : « Avec Spock Design je peux prendre mon temps, tester, je peux créer des luminaires, des chaises et même une machine à poivre, je n’ai pas de limites, ACID est une société très structurée. »
Spock Design pourrait-elle fonctionner sans ACID ? « Les deux ne sont pas liées juridiquement, mais je bénéficie sans doute de la réputation de sérieux de l’entreprise. »
Avec Spock Design il souhaite donc avancer petit à petit, les statuts de l’entreprise ne sont même pas déposés. Du côté de ACID, le regard est maintenant tourné vers l’étranger : « Notre avenir c’est l’export, ici la niche s’est transformée en poule aux œufs d’or où tout le monde s’est engouffré. »
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