Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

Avec Abbout Productions, Georges Choucair produit des longs-métrages de fiction et des documentaires en assumant le rôle de producteur délégué.

Greg Demarque
Cette année, Abbout Production soutient quatre longs-métrages dont il faut trouver les financements. La société de Georges Choucair assure sur les trois quarts de ses projets le rôle de production déléguée, qui implique de suivre la réalisation du film pas à pas de l’écriture du scénario à la sortie en salle. « Je ne suis pas juste un porte-monnaie », explique le producteur, qui raconte être très présent dans les choix artistiques liés aux films qu’il soutient. Pour financer ses films, à mi-chemin entre le modèle américain et le modèle européen, il opte pour une dose de financements privés (15 à 20 % selon les projets), des coproductions avec la France ou Doha, c’est le cas pour l’un des films en cours de production, “Mosqui Cinema” tourné en Syrie malgré le conflit, et des aides à la production notamment grâce à l’Afac (Arab Culture Fond) et aux nouveaux festivals créés au Moyen-Orient. “Stable Unstable”, le prochain film de Mahmoud Hojeij est par exemple financé grâce au fonds de soutien de Doha et à une subvention de l’Afac.
Georges Choucair débute dans la production en 2003 aux côtés de Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige pour leur film “Perfect Days” dont il est l’un des coproducteurs. Une décision qui ne tient pas au hasard, car il a étudié le cinéma à l’École supérieure de réalisation audiovisuelle de Paris pendant cinq ans.
Depuis, la société créée par Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige, en 1998, qu’il a rejoint en 2003, a produit une quinzaine de films. Au Liban, Georges Choucair est l’un des rares à assumer le rôle de producteur délégué. « Le risque financier est gros, mais la motivation toujours intacte », affirme-t-il. Il faut pouvoir surmonter les échecs. En 2010, le film “Balle perdue” fait moins de 25 000 entrées en salle malgré un casting de qualité. Il sera finalement récompensé au Festival de Dubaï en 2010 (avec un prix de 150 000 dollars), ce qui lui permet tout juste de rentabiliser ce film au budget “serré”. Cette année sa société qui compte cinq salariés est à l’équilibre. Pour rentrer dans ses frais, Georges Choucair prévoit un poste dans le budget pour rémunérer le travail de production. Une part qui peut représenter de 2 à 5 % du total et qui lui permet de payer les salaires. Afin de soutenir les films auxquels il croit et leur donner une chance d’être diffusés, Georges Choucair est devenu en 2008 vice-président de l’association du Métropolis, salle d’art et d’essai de Beyrouth du circuit Empire à Sofil. Il a également lancé avec Hania Mroué MC Distribution en 2009, seule structure au Moyen-Orient à se consacrer à la distribution de films d’auteurs. Car Georges Choucair en est persuadé : une nouvelle génération de cinéastes va émerger, « il faut juste leur donner leur chance et un peu de temps ». La petite entreprise rentabilise les films qu’elle distribue grâce aux ventes de DVD et aux festivals. Certains succès permettant d’équilibre les plus petites productions. MC Distribution a par exemple distribué aux côtés de films libanais comme “Balle perdue” ou “Sector Zero” (moins de 25 000 entrées), le film iranien “Une séparation”, diffusé au Métropolis et dans quatre autres salles libanaises.
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