Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

Formé en France, Nasri Sayegh a récemment tourné dans la première Web-série libanaise Shankaboot”. Pour lui, pas de réel métier de comédien au Liban, il a donc appris à être multicasquettes.

Greg Demarque
« Tout cumulé, je suis comédien peut-être deux semaines par an », calcule Nasri Sayegh à haute voix. Une situation dont il s’accommode et qu’il explique par la situation du marché libanais où un maximum de 20 films sont produits par an. Et Nasri Sayegh ne choisit que des projets coup de cœur.
Pour se lancer, pas de voie royale. Certaines formations sont proposées notamment à l’Université libanaise, mais elles restent rares. Les cours privés restent la solution la plus prisée par les apprentis comédiens: comme ceux de Patricia Nammour et son Atelier du Je, Jacques Maroun et son Actors Workshop ou les ateliers Zoukak.
Nasri Sayegh a été formé en France à l’École supérieure des arts dramatiques de la ville de Paris. Il a toujours pratiqué le théâtre et la scène. Ce n’est qu’à 21 ans qu’il prend la décision d’en faire son métier. On lui propose alors de devenir journaliste dans une radio libanaise à Paris. Il accepte par défi, mais continue ses projets cinématographiques et tourne notamment avec le réalisateur français Christian Merhlot, “Le Procès d’Oscar Wild”. En 2008, il revient à Beyrouth et se lance dans un film avec Jocelyn Sahab “What’s going on”, « un film poétique, un peu particulier... », révélateur de ces choix : « Je ne fais pas de télévision et ne prend que des projets de cinéma ou de théâtre qui me font rêver. »
Alors pour vivre, comme la majorité des comédiens libanais, Nasri Sayegh cumule les emplois : il est à la fois rédacteur en chef de la rubrique culture de Elle Magazine, chargé de la communication du théâtre Monnot et comédien. La part de revenus qui proviennent du cinéma est minime. Les cachets varient selon les projets et il accepte même de jouer pour des sommes symboliques dans des films de fins d’études qui le touchent. Aujourd’hui, il ne regrette pas d’être rentré au Liban, même s’il reconnaît que la France offre des facilités, dont celui d’être entouré et aidé par un agent : « Ici tu te retrouves à négocier ton salaire avec le réalisateur. »
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