Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

Arrivée dans le monde du cinéma au début des années 2000, cette architecte d’intérieur participe à un long-métrage tous les deux-trois ans, pour ne pas abandonner ses autres passions.

Greg Demarque
« Quand je sors d’un film, je suis épuisée », témoigne Cynthia Zahar. Cette chef décoratrice, qui a participé à quatre longs-métrages aux côtés de Danielle Arbid, Philippe Aractingi et Nadine Labaki, préfère ne pas consacrer tout son temps au cinéma. Car un chef décorateur est présent pendant la préparation d’un film et pendant le tournage : « 12 heures par jour pendant six mois. » Il faut d’abord penser à l’esprit du film en lisant le scénario et en discutant avec le réalisateur. Le métier nécessite une bonne dose d’imagination mais aussi un esprit pratique. Car la deuxième phase consiste à s’imprégner des lieux choisis pour le tournage, mais aussi à prévoir et organiser chaque décor et chaque objet en fonction de l’enchaînement des scènes. « J’ai un temps d’avance sur la caméra », explique Cynthia Zahar, qui prépare les décors entourée d’une vingtaine de personnes pour les plus gros films, des assistants, des menuisiers, tous les corps de métier nécessaires à l’aménagement d’un lieu.
La jeune femme n’avait pas vraiment planifié d’en arriver là. Architecte d’intérieur et créatrice de lustres et de meubles, elle rencontre Danielle Arbid à l’occasion d’une présentation de son travail et se lance dans son premier long-métrage en tant qu’assistante. À part des études en scénographie à l’étranger (il n’existe pas de cursus spécifique au Liban), pour devenir chef décorateur pas de parcours type. Beaucoup viennent de l’architecture ou de la décoration d’intérieur. Les débouchés sont nombreux grâce à la publicité et au clip. Dans le cinéma, le salaire est très variable en fonction du budget des films. Il s’agit de négocier une enveloppe globale qui peut évoluer si le film nécessite davantage de temps de tournage. Dans la publicité une grille de salaire a été fixée. La rémunération varie en fonction de l’ancienneté de 1 000 à 2 000 dollars par jour (sans prendre en compte le temps de préparation). Cynthia Zahar fait un peu de tout, privilégiant la diversité pour ne pas se lasser, et par nécessité économique : « Au Liban mieux vaut ne pas trop se spécialiser car on ne sait jamais ce qui peut arriver. »
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