Un article du Dossier

Cinéma libanais : comment entrer dans la cour des grands ?

D’abord attiré par la musique, Cédric Kayem a découvert le cinéma en tant qu’ingénieur du son. Aujourd’hui, il allie les deux par goût et par nécessité économique.

Greg Demarque
« Si tu es chanceux, tu peux faire deux longs-métrages par an au Liban », alors pour arriver à vivre de son métier, Cédric Kayem multiplie les expériences : il est à la fois preneur de son, mixeur et compositeur. D’abord bercé par le monde de la musique, il découvre l’univers du cinéma à l’USJ lors de sa formation en audiovisuel débutée en 2005. Spécialisé en son il a fait une partie de ses études en Jordanie, car il n’existe pas de formation spécifique pour chaque corps de métier technique au Liban.
Il met sa triple compétence à la disposition de producteurs de publicité sous forme de “package” à 2 500 dollars comprenant un jour de prise de son, le design et le montage son et la composition de la musique. Ce qui lui permet de gagner jusqu’à cinq fois plus que le cachet qu’on lui propose pour un long-métrage comme preneur de son. « Mais l’intérêt n’est pas le même qu’au cinéma », où il n’hésite pas, dans 70 % des cas, à travailler bénévolement pour des amis. Au Liban, ils sont moins d’une dizaine de preneurs de son professionnels dans le secteur du cinéma. Ils interviennent dans les différentes phases de la création d’un film sur les tournages ou au mixage en postproduction. La production annuelle de films étant faible, Cédric Kayem se sert de sa polyvalence. Pour pouvoir répondre aux différentes demandes, il a investi au fil des ans dans du matériel de prise de son et de mixage. En 2012, il a même créé un studio avec deux autres partenaires pour partager les frais d’achat des équipements. Il a aussi appris à jongler selon les saisons. Ses revenus varient de 10 000 dollars... à 100 dollars certains mois. Les débuts d’année sont souvent très actifs, car les productions ont de nouveaux budgets. L’été est souvent creux, du fait du climat, de même que le mois de décembre. Cédric Kayem se sent appartenir à une nouvelle génération qui cherche sa place dans le cinéma. Sur son dernier tournage à Batroun, 80 % de l’équipe travaillait pour la première fois dans le cinéma.
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