Un article du Dossier

Financement participatif : une nouvelle solution pour les start-up de la zone Mena

Lancée début juillet, la plate-forme libanaise de financement participatif ambitionne de devenir la référence arabe dans ce secteur en misant notamment sur l’implication de la très importante diaspora arabe.

« Hisser la créativité arabe au sommet » : le slogan de la page d’accueil annonce la couleur de l’ambition de Zoomaal, dernière-née des trois plates-formes de financement participatif de la zone Mena. « Nous voulons contribuer à diffuser la culture du “crowdfunding”, encore balbutiante dans le monde arabe, et permettre au formidable vivier d’innovation de rencontrer le soutien financier qu’il mérite », résume Abdallah Absi, jeune entrepreneur libanais à l’origine de Zoomaal. Le site de droit américain dont l’équipe est basée à Beyrouth revendique clairement son positionnement sur la zone Mena, tant par les projets présentés que par sa structure capitalistique. Il est soutenu, à parts égales et pour un montant total non communiqué, par quatre investisseurs de la région : les fonds libanais MEVP, émirati Wamda, égyptien Sawari Ventures et jordano-saoudien N2V.
La plate-forme reprend le principe et les ingrédients de ses concurrents, comme Kickstarter ou Kisskissbankbank : le promoteur d’un projet peut solliciter des fonds auprès des internautes inscrits en en faisant la publicité dans l’une des catégories préétablies par le site. La demande doit impérativement comprendre des mentions explicatives, une vidéo et des récompenses en nature pour les donateurs. Les montants sollicités sont libres et la durée de l’appel de fonds peut varier d’un à trois mois. La plate-forme ne se rémunère – à hauteur de 5 % du montant sollicité – qu’en cas de succès de l’opération. Les donations ne sont pas tarifées, hormis les frais liés aux moyens de paiement choisis, et doivent s’élever au minimum à 5 dollars. « Au-delà de notre positionnement géographique, nous essayons de nous distinguer de nos concurrents en développant des outils (interface, tutoriels, résumé des opérations) permettant de rendre le site accessible à tous et en offrant à nos utilisateurs une douzaine de moyens de paiements, car il faut pouvoir s’adapter aux besoins spécifiques du monde arabe de ce point de vue », précise Abdallah Absi. D’autant que, du côté des donateurs, la diaspora constitue la cible privilégiée de la plate-forme : « Nous avons la chance d’avoir une très importante communauté arabe présente dans le monde entier, disposant d’un fort pouvoir d’achat et très solidaire de son pays d’origine. Zoomaal lui donne une opportunité concrète de manifester cette solidarité en soutenant la créativité locale. » D’où l’attention donnée à la variété géographique des projets publiés pendant la phase de lancement et sa mise en évidence par des logos visibles dès le résumé de chaque projet.
Le site tente également d’innover par une démarche de sélection et d’accompagnement poussée de la mise en œuvre des projets : « Nous essayons d’avoir un taux de succès le plus élevé possible en nous assurant de la motivation du porteur de projet et du réalisme de sa demande. Nous l’aidons ainsi à définir sa stratégie de communication, le montant réclamé et la palette de contreparties offertes aux utilisateurs », explique Abdallah Absi. La plate-forme a ainsi démarré avec une dizaine de projets, allant de la production d’un documentaire jordanien au financement d’un collaboratoire à Héliopolis. Le projet le plus ambitieux à ce jour est celui du groupe de musique libanais Mashrou Leila qui sollicite 66 000 dollars pour produire son troisième album. Actuellement composée d’une équipe de trois personnes, Zoomaal souhaite porter son effectif à une dizaine d’employés d’ici à la fin de l’année et devrait lancer une version intégralement traduite de l’anglais à l’arabe en août.
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