Un article du Dossier

Financement participatif : une nouvelle solution pour les start-up de la zone Mena

Première plate-forme d’investissement participatif (“crowd investing”) à voir le jour dans la zone Mena, le site Eureeca entend devenir un carrefour de récolte de fonds pour les PME de la région.

Fondée par un business angel, Chris Thomas, et un ancien banquier, Sam Quawasmi, Eureeca a été lancée officiellement en mai à Dubaï après une période d’essai en ligne de près d’un an. La plate-forme offre aux entrepreneurs la possibilité d’ouvrir leur capital en ligne pour financer tout ou partie de leur projet. « Cela permet de recréer un lien direct entre l’actionnaire et la société dans laquelle il investit : il a un accès direct à cette dernière et tout est fait pour assurer un maximum de transparence », explique l’ancien ministre libanais Nasser Saïdi qui a rejoint le conseil d’administration d’Eureeca à l’instar d’autres figures de renom telles que l’ancien directeur financier du Nymex, Bruce Armstrong, et Pierre Azzam, PDG de l’agence Belong Interactive.
La plate-forme est virtuellement ouverte à tout type d’entreprises, même si ses spécificités restreignent quelque peu ce spectre. Son modèle économique se rapproche de ceux des sites concurrents : Eureeca prélève, outre 250 dollars de frais d’inscription, 7,25 % du capital levé par son intermédiaire en cas de succès de l’opération. Si l’appel à la souscription attire un nombre élevé d’actionnaires avec chacun un petit ticket d’entrée, la plate-forme a la possibilité de créer un fonds commun de créances les rassemblant en une seule entité juridique fiduciaire afin de simplifier les démarches administratives liées à leur enregistrement.
Le processus de levée de fonds se déroule en trois étapes. Les entrepreneurs doivent d’abord soumettre leur projet à la plate-forme en l’accompagnant d’une documentation précise sur l’histoire du projet, son modèle de développement et les droits et obligations des actionnaires. Sur la base de ces informations, Eureeca effectue un bref audit préalable visant essentiellement à s’assurer que le projet est crédible et légal : « Nous veillons notamment à éviter le blanchiment d’argent. Mais contrairement à des intermédiaires financiers, nous ne nous prononçons pas sur la pertinence de l’investissement : notre rôle se limite à vérifier que la société est prête pour une levée de fonds », précise Nasser Saïdi. Une fois ces deux étapes franchies, l’appel de fonds est mis en ligne et l’entrepreneur dispose de 90 jours pour remplir l’objectif qu’il s’est fixé. S’il est atteint, la levée de fonds est validée et les investisseurs entrent au capital de l’entreprise ; dans le cas contraire, leur mise leur est restituée. Le site fixe un plancher de 100 dollars par investissement, sans plafond, sauf indications légales contraires comme au Liban (voir encadré p. 39).
Depuis son lancement, le site revendique à ce jour plus de 2 000 inscrits dont une cinquantaine ont effectué une promesse d’investissement. Sur les 200 propositions soumises à la plate-forme, trois projets dubaïotes ont pour l’instant été admis à faire un appel de fonds : une plate-forme en ligne de recherche d’emploi (Nabbesh.com) – premier projet à avoir bouclé son opération avec 100 000 dollars d’investissement donnant droit à 7 % de son capital –, une boutique de mode en ligne (The Outlet) et une marque de vêtements (Dgrade). « Les entreprises peuvent très bien choisir de recourir au “crowdinvesting” pour une partie de leur levée de fonds : dans le cas de Nabbesh, Eureeca a apporté un tiers de l’augmentation de capital totale. Le reste a été levé auprès d’investisseurs en capital-risque », précise Nasser Saïdi.
Domicilié aux îles Cayman et lancé à Dubaï, Eureeca devrait très prochainement ouvrir un portail au Liban : « Avec ses nombreux incubateurs et l’un des premiers systèmes de régulation juridique du financement participatif, le Liban offre un cadre idéal pour ce type d’opérations », se réjouit Nasser Saïdi. Eureeca aspire d’ailleurs à y présenter près de 40 % du total des opérations programmées pour sa première année d’activité. Ses dirigeants envisagent aussi une traduction du site – pour l’instant exclusivement en anglais – en arabe, voire une ouverture vers l’Amérique latine.
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