Bourgogne – Côte de Nuits
Appellation : La Tâche et Romanée-Conti

Nous sommes dans le panthéon des grands domaines. C’est, en tous les cas, ce que vous diront les grands amateurs de Bourgogne. Pour eux, en Bourgogne, le Domaine de la Romanée-Conti, alias DRC, fait figure de mythe parmi les mythes. Il faut dire que le Domaine de la Romanée-Conti a tout pour faire un conte : une réputation qui prend racine avec les moines au XIIe siècle, un terroir d’exception exploité depuis lors sans discontinuer et des vins rares que le marché s’arrache à prix fort. La légende est lancée.
À l’exception du Montrachet, un vin blanc commercialisé à seulement 3 000 bouteilles annuelles, le Domaine de la Romanée-Conti n’élabore que des grands crus rouges, plus extraordinaires les uns que les autres, dit-on : la Romanée-Conti (qui a donné son nom au domaine), La Tâche, Richebourg, Romanée Saint-Vivant, Grand-Écheveaux et Écheveaux. Parmi eux, deux grands crus “monopoles” de la maison : Romanée-Conti et La Tâche.
Tous ces vins rouges proviennent cependant de parcelles situées dans un mouchoir de poche et sont élaborés avec le même cépage, emblématique de la Bourgogne, le pinot noir. Pour autant, ces vins ne se copient pas. « Regardez les nuances sur les grands crus, affirme Aubert de Villaine dans un article du magazine français Le Point, dédié à ces grands Bourgognes, l’exubérance de l’Écheveaux, le côté soyeux du Grand-Écheveaux, La Tâche, spectaculaire, qui tape du poing sur la table, surtout quand elle est jeune, la Romanée-Conti, beaucoup plus réservée, qui demande à être vraiment connaisseur pour l’apprécier. Elle ne commence à être elle-même qu’à partir de 15 ans. »
De l’ensemble de ces crus, le plus légendaire est sans doute la Romanée-Conti elle-même dont on produit 4 000 bouteilles par an. Ce micro-terroir, monopole du domaine, est issu d’une toute petite parcelle de 1,8 hectare dont la surface est restée inchangée, au centimètre près, depuis 1580. La parcelle, initialement nommée le Cros de Clous, a pris le nom de Romanée en 1631, sans que l’on sache pourquoi. Lors de sa vente, en 1760, le prince de Conti, qui en devient alors propriétaire, l’arrache à Mme de Pompadour, qui, dit-on, ne le lui a jamais pardonné. Cette parcelle ne sera baptisée de son nom définitif de Romanée-Conti qu’en 1793 par les révolutionnaires, lors de sa revente comme bien national. Après la Révolution, le domaine est repris par un négociant, Jacques-Marie Duvault-Blochet, ancêtre du propriétaire actuel, Aubert de Villaine.
Pour Aubert de Villaine, ce qui fait la différence “entre ce morceau de prince” et les autres, ce sont de petits détails : « Une exposition un peu originale, une présence d’argile très fine que l’on ne trouve pas forcément chez les voisins, une profondeur de terre importante, un drainage naturel parfait. » Autre particularité : la propriété est cultivée en biodynamie depuis 2007.
Mais un autre grand cru monopole talonne Romanée-Conti dans le panthéon des meilleurs vins du monde : La Tâche. Pour ses nombreux admirateurs, La Tâche est sans comparaison. « Le nez est foudroyant de complexité et de concentration », assure ainsi Emmanuel Delmas, en évoquant le millésime 1998. Car ce qui caractérise ce grand cru, c’est cet équilibre fragile entre élégance et puissance, nervosité et velours, vigueur et puissance. Issu de parcelles de 6,06 hectares, sur une faible pente, le pinot noir grandit sur un sol caillouteux qui assure un excellent drainage et donne un fruit d’une rare pureté. On produit 20 à 25 000 bouteilles de ce vin d’exception.
Parmi les millésimes de référence, l’écrivain américain (et accessoirement grand buveur devant l’éternel) Jay McInerney recommande à un millionnaire le millésime 1945 (juste avant la crise du phylloxera). Pour des portefeuilles moins charnus, on peut se contenter des millésimes 1953, 1959, 1964, 1979, 1985, 1999, 2005, 2007, 2008 et 2009.

Ziad Mouawad
Médecin

« Pour moi, La Tâche, ce grand cru, monopole, est le summum du plaisir, même dans les années difficiles. La combinaison du pinot noir, du terroir, du savoir-faire et de l’histoire du Domaine de la Romanée-Conti donne ici naissance à une alliance entre puissance et finesse. Un vin majestueux qui impose sa suprématie avec une aisance naturelle dans toutes les dégustations. »

Edmond Asseily
PDG fonds d’investissements


« De 1999 à 2009, quel que soit le millésime, la dégustation d’une Romanée-Conti révèle que le vin est encore jeune. Une Romanée-Conti prendra le dessus sur une Tâche 20 ou 25 ans plus tard. Elle demande du temps pour révéler la magie de sa transparence, ainsi que sa profondeur. À maturité, la Romanée-Conti est sans doute le plus grand vin du domaine. Un équilibre parfait, une délicatesse et surtout un “inimitable” grain en bouche. »