Bordeaux – Sauternais
Appellation : Sauterne

Il n’y aura pas de millésime 2012 à Château Yquem. « Une marque comme Yquem doit savoir ne pas faire un millésime », a expliqué Pierre Lurton, le gérant du domaine dont le principal actionnaire est le groupe LVMH. La raison ? Une « excellence insuffisante ». En d’autres termes, une année climatique pourrie, qui n’a pas permis à l’un des plus grands vins blancs du monde de faire un millésime à l’aune de ses exigences habituelles. Pour assumer pareille décision, il faut du courage : c’est une perte estimée de 25 millions de dollars pour le château. Mais l’équipe a préféré une “année blanche” à la mise en péril de ce vin liquoreux dont les origines remontent au XVIIe siècle. De ce vignoble légendaire de plus d’une centaine d’hectares, premier cru classé depuis 1855, on tire en moyenne 100 à 120 000 bouteilles annuellement en suivant une règle d’or : un verre de vin par pied de vigne et par an.
Deux cépages seulement sont plantés : le sémillon, qui domine le vin et lui apporte richesse et volume, et le sauvignon, qui affine le nez en l’agrémentant de notes de fruits. À ces deux alliés, il faut un troisième larron, le botrytis cinerea, un champignon, qui agit à l’automne, et qui “rôtit” et concentre les raisins en sucre et en arômes. Les vendanges durent plusieurs mois à Yquem, jusqu’aux derniers jours de l’automne, après plusieurs passages dans les rangs de vigne où les raisins sont cueillis grain par grain.

Imad Fawaz
Propriétaire de La Cave Joël Robuchon (Beyrouth)


« Les étés d’autrefois brûlent dans les bouteilles d’Yquem », écrit François Mauriac. Pour moi, ce 1996 n’y déroge pas : son nez de coing et de frangipane délivre une intense chaleur accouchant de délicates notes épicées. En bouche, l’attaque est franche et ample ; la finale opulente. Accompagné de foie gras ou de canard, d’une crème brûlée ou d’une tarte à l’ananas, ce vin de légende offre un plaisir des sens inégalable. »