Installée à Beddawi, à la sortie nord de Tripoli, United Glass Products a été fondée par Mohammad Khalil Hammoud en 1973. L’entreprise, qui réalise un million de dollars de chiffre d’affaires par an et emploie une quarantaine de personnes, s’est spécialisée dans le recyclage du verre transparent. Des collecteurs lui livrent en moyenne une tonne et demie de verre blanc par jour qu’ils ont récupéré auprès de diverses sociétés industrielles voulant se débarrasser de leurs chutes de fabrication. Les principaux clients de United Glass Products sont des producteurs de jus de fruits du Nord-Liban, mais aussi des entreprises de vitrerie. « Les bouteilles nous sont fournies gratuitement par de petites compagnies qui veulent se débarrasser de leurs déchets, mais de grandes firmes comme Pepsi-Cola vendent le verre issu de leurs défauts de production entre 50 et 70 dollars la tonne », explique Salah Hammoud, directeur général de United Glass Products. La petite usine est équipée de deux machines, d’une capacité de trois à cinq tonnes par jour. Les déchets (étiquettes, capsules…) sont triés sur place, pilés, broyés, lavés et fondus à une température de 1 300 °C dans un four. « L’énergie représente environ 50 % de nos coûts de production, ce qui est très élevé et pénalise nos activités », affirme Salah Hammoud.
La société a investi 350 000 dollars en 2012 dans une nouvelle machine italienne qu’elle espérait amortir en quatre à cinq ans, mais ces projections ont été perturbées par les troubles à Tripoli. « Notre usine est très proche des quartiers de Jabal Mohsen et Bab el-Tabbané, et lors des combats, nous ne pouvions plus nous approvisionner. » Ces dernières années, la société n’a fonctionné en moyenne que quatre mois par an. La concurrence s’est aussi accrue, pour certains de ses produits phares, comme les réservoirs en verre qui composent les narguilés. United Glass Products est la seule à en produire au Liban. « Ils constituaient la moitié de notre production, mais nous avons été victimes de la concurrence chinoise et égyptienne, aux tarifs plus compétitifs. La production de réservoirs ne dépasse pas aujourd’hui 5 à 10 % de notre chiffre d’affaires », explique Salah Hammoud. Autre segment de marché touché : celui des pots et des bocaux en verre, destinés à stocker des aliments, victimes de la concurrence du plastique. « Il y a vingt ans, nous consacrions cinq mois par an à la fabrication de ce produit, contre trois semaines aujourd’hui. »
Résultat, quelque 70 % de la production est constituée de bouteilles ou de “gallons” en verre utilisés par les producteurs d’huile d’olive, « un produit toujours très demandé ». Jusqu’au début de l’année 2015, United Glass Products exportait environ 10 % de sa production en Jordanie et dans les pays du Golfe, mais elle a dû renoncer après la fermeture du poste frontière de Nassib début 2015.