Après avoir ouvert la franchise Ladurée en 2010, Carine Chebli-Desplats lance en octobre le premier restaurant-salon de thé de l’enseigne française dans la villa Zein au centre-ville de Beyrouth entre Starco et la boutique Élie Saab. « Depuis le début, les clients nous le réclament, mais j’attendais de trouver le lieu adapté » à l’image de cette référence mondiale de la pâtisserie et des salons de thé à la française, explique-t-elle.
Cinq mètres de hauteur sous plafond, deux salons, les arcades symptomatiques du style libanais et un jardin planté d’oliviers centenaires, voilà pour le cadre. Moyennant un investissement de 1,5 million de dollars que les actionnaires souhaitent rentabiliser en moins de cinq ans, l’établissement fait 250 m2 en intérieur, 200 m2 en extérieur et peut accueillir 125 personnes, le tout de plain-pied. Un lieu d’exception, dans un quartier stratégique. « Nous sommes au cœur de Beyrouth, où sont installées toutes les enseignes haut de gamme. Je vise une clientèle essentiellement libanaise, des hommes d’affaires et des femmes qui aiment se faire plaisir. »
La carte se veut simple et raffinée. En plus des classiques macarons et des pâtisseries, le restaurant propose une sélection de recettes salées qui ont fait le succès de Ladurée. Parmi les incontournables : le vol-au-vent de volaille aux morilles, la salade Concorde ou encore le brunch avec son omelette aux truffes. Le restaurant ouvre du matin au soir sans interruption pour un ticket démarrant à 35 dollars. Côté décoration, conçue par Ladurée Paris en coordination avec la Libanaise Lina Tannous, la tradition française se mêle à l’héritage oriental sur des tons parme, vert, bleu, ivoire et or. Chaque pièce a été chinée ou choisie sur mesure comme le papier peint Zuber (l’une des dernières manufactures de décor à la planche), les lustres Istanbuli, ou la moquette signée Madeleine Castaing.
Ce n’est pas un hasard si c’est Carine Chebli-Desplats qui porte ce projet, car depuis l’enfance elle sait faire la synthèse entre la France et le Liban. Diplômée de Jamhour, elle poursuit son parcours à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP) avant de débuter sa carrière chez Danone France. En 2004, elle accélère le rythme de ses allers-retours avec le Liban. L’envie de se rapprocher du pays mais aussi de travailler à l’essor de Synthèse, la société familiale de vente de prêt-à-porter, qui détient notamment les marques Gérard Darel et 1.2.3. à l’ABC.
C’est en 2010 qu’elle saute le pas. Encouragée par son mari, elle acquiert la franchise Ladurée pour le Liban. Elle développe alors trois points de vente : une micro-boutique rue Foch et deux “carrosses” à l’ABC Achrafié et Dbayé. « Ladurée est une enseigne qui dispose d’un fort capital sympathie auprès des Libanais, constate Carine Chebli-Desplats. La diaspora libanaise, par exemple, y est très fidèle. » L’année 2013 est une nouvelle étape, avec l’entrée au capital de la holding qatarienne al-Hussam, aux côtés des partenaires minoritaires libanais Carine et Anthony Stéphan. Ce investissement permet de financer le développement de la marque et d’ancrer son activité au Liban. Précédemment importées de France, les pâtisseries sont désormais préparées sur place par un chef pâtissier – Michael Demonte – sélectionné et formé par Ladurée, conformément à l’accord de franchise.
En parallèle, Carine Chebli-Desplats travaille à la croissance de la société familiale qu’elle a reprise sous l'égide de MO Distribution en 2013. Même si la situation économique et politique au Liban en décourage plus d’un, l’entrepreneuse préfère voir les bons côtés : « Il est plus facile de créer une entreprise au Liban qu’en France. Les barrières à l’entrée sont moins importantes et les opportunités plus nombreuses. »