« La mort de mon frère a été un énorme choc pour moi. Nous étions comme les deux faces d’une même pièce : lui, dans la lumière parcourait le monde ; moi, je planifiais et gérais le quotidien de l’entreprise », explique Ronald Hochar, qui a repris la direction de Château Musar après la mort de Serge, fin 2014. Pour son 85e anniversaire, qui sera fêté le 6 octobre, Musar a choisi de rendre hommage à Serge, cet “alchimiste” du vin, qui a imposé la cave de Ghazir parmi les meilleurs breuvages du monde. Musar exporte près de 80 % de sa production (600 000 cols annuels), dans 60 pays. Elle a été récemment classée 23e parmi les 50 marques du monde du vin les plus admirées en 2015 par le magazine Drinks International. « Grâce à Serge, les vins du Liban se sont aussi positionnés sur la carte du monde. » Quelque 250 personnes, dont de grands critiques internationaux, sont invitées à la célébration de cet anniversaire à Ghazir. Une belle excuse pour se perdre dans le dédale de cette cave, qui conserve son cachet “vintage”. « Chez nous, la priorité est donnée à la continuité plutôt qu’à la modernité », affirme Ronald Hochar. Ce qui n’empêche pas Musar de savoir humer l’air du temps : ainsi de Musar Jeune, lancé à Beyrouth il y a deux ans, un produit d’appel pour séduire une jeunesse, en quête de vin fruité, moins charpenté que ses aînés. « Aujourd’hui, cette cuvée représente 40 % de notre portefeuille de ventes dans le monde. » Musar mène peu d’investissements ostentatoires : ici pas de chais rutilants, pas de machine dernier cri qui donne à la cave des airs de petite raffinerie… « Nous préférons replanter des parcelles : l’obeidi, plus encore le merwah sont en train de disparaître. C’était une des grandes craintes de Serge. C’est aussi un moyen de perpétuer sa mémoire. » Une édition spéciale du Château 1989, que Serge Hochar avait assemblé pour ses 50 ans, sort dans le commerce à cette occasion.