Du mythique Summerland ouvert par la famille Saab en 1978 et où le Tout-Beyrouth se retrouvait autour de la “cascade”, il ne reste rien. Quelques bungalows gardés affectueusement par leurs propriétaires conservent un goût d’antan, mais c’est un tout nouveau établissement qui a ouvert ses portes depuis septembre. Des années après l’annonce du début des travaux, le public n’y croyait plus.
« Nous n’avons gardé que le nom », dit Marcus Van der Wal, directeur général des opérations du groupe hôtelier Kempinski depuis 2014, qui gère l’hôtel. Le nouveau Summerland, c’est 153 chambres, 73 appartements privés et 583 cabanes de plage. Le complexe offre aussi une marina, une plage, des piscines, sept restaurants, deux spas, des salles de conférences. Le tout disposé sur une surface de 75 000 m2 à Ouzaï.
Mais ouvrir un hôtel de luxe dans un quartier populaire ne fait pas peur à Marcus Van der Wal, qui peut se prévaloir de trente ans d’expérience dans le métier. Interrogé sur la question de l’emplacement de son établissement, le chef des opérations se veut rassurant. « Une fois que vous êtes dans le Summerland, il y a tout sur place, on se sent coupé du monde », dit-il.
Face à la crise du tourisme que traverse actuellement le Liban, le groupe Kempinski espère attirer une clientèle locale. « Nous souhaitons que le Summerland redevienne une destination pour les Libanais et plus particulièrement pour les hommes d’affaires et les membres de la
diaspora », dit Marcus Van der Wal. Pour ce faire, le Summerland, qui aligne ses tarifs sur ceux de ses compétiteurs – à savoir le Four Seasons, Le Gray, le Phoenicia et le Mövenpick –, a prévu des offres promotionnelles. Jusqu’à la fin de l’année, la campagne “Proud to be Lebanese” permet par exemple aux visiteurs disposant d’un passeport libanais d’obtenir 20 % de réduction sur les chambres et les restaurants. Si l’opération est un succès, Kempinski envisage de mettre en place un tarif préférentiel permanent pour la clientèle locale.
La famille Saab a vendu son bien il y a deux ans et les nouveaux propriétaires de l’hôtel souhaitent rester anonymes. Selon Kempinski, qui reçoit un montant annuel de leur part en échange de la gérance, il s’agirait d’un groupe détenu à 85 % par un Saoudien et à 15 % par des Libanais. Toujours selon Kempinski, ils auraient investi 500 millions de dollars dans l’acquisition et les travaux de rénovation de l’hôtel. « C’est un montant beaucoup trop important, mais les propriétaires sont des passionnés de cet endroit », commente Marcus Van der Wal.
Pour le groupe Kempinski, la plus ancienne chaîne hôtelière européenne de luxe, il s’agit du premier établissement au Liban. « Nous choisissons des destinations de caractère. Notre enseigne sert une clientèle de niche », ajoute le directeur des opérations. À ce jour, le groupe Kempinski a reçu des propositions, mais n’annonce pas de nouveaux projets au Liban.