À peine le gouvernement libanais était-il formé, qu’Israël a adopté en décembre 2016 une nouvelle carte délimitant les blocs d’exploration dans la zone économique exclusive qu’elle revendique depuis 2011 et qui empiète de plus de 850 km2 sur celle du Liban. Jusque-là, la frontière nord des cartes définissant les blocs israéliens correspondait à très peu de chose près à la frontière maritime dessinée par le Liban, ce qui était interprété par les experts comme la preuve de la méthode scientifique adoptée par le Liban, qui est, contrairement à Israël, signataire de la convention internationale du droit de la mer. Mais comme l’affirmation d’une frontière est un acte politique, à moins d’un accord bilatéral, impossible en l’espèce, le Liban ne reconnaissant pas l’État d’Israël, ce dernier a délibérément reculé plus au nord la frontière implicite en vigueur jusque-là pour empiéter sur la zone économique libanaise. Et le gouvernement israélien prétend désormais disposer de blocs numérotés 1, 2 et 3 dans le triangle empiétant côté libanais où Beyrouth a pour sa part déterminé ses blocs 8, 9 et 10. En février 2017, le gouvernement israélien a en outre envoyé une lettre au secrétariat général de l’Onu affirmant qu’il « n’autoriserait pas » des activités d’exploration dans la zone qu’il revendique, ce à quoi le Liban a répliqué par une lettre aux Nations unies réaffirmant son plein droit à exercer sa souveraineté sur cette zone. Un projet de loi examiné par le Parlement israélien est présenté comme une nouvelle tentative d’affirmer cette revendication. Côté libanais, le président du Parlement Nabih Berry a publiquement mis en garde contre une nouvelle “agression israélienne délibérée”. Tandis qu’en coulisse, de source autorisée libanaise, on présente les nouvelles initiatives israéliennes comme des « gesticulations sans base légale » face auxquelles « le Liban n’est pas dépourvu de moyens pour préserver ses intérêts ».