Le Liban a officiellement annoncé le 25 janvier 2017 son intention d’adhérer à l’Initiative de transparence dans les industries extractives (ETIE selon l’acronyme usuel en anglais). Mais il y a encore loin de la déclaration à la réalisation, même si le ministre de l’Énergie César Abi Khalil a tenu à inaugurer en personne un séminaire organisé le 12 mai à l’occasion de la visite à Beyrouth de Pablo Valverde, le directeur régional du secrétariat international de l’EITI. « Parfois vous invitez un ministre à un événement et il finit par annuler à la dernière minute. C’est plus rare de voir l’inverse : un ministre qui vient sans invitation ! » s’est félicité Pablo Valverde.
« C’est un témoignage fort de l’engagement du gouvernement libanais envers le processus EITI et, plus généralement, une bonne gouvernance du secteur extractif », a commenté l’ambassadrice de Norvège, Lene Lind, tandis que les représentants des organisations participant au séminaire s’inquiétaient tous de savoir comment immuniser le secteur du pétrole contre les pratiques de corruption et la mauvaise gouvernance qui dominent jusque-là les politiques publiques libanaises.
La Norvège, qui est érigée en modèle mondial de bonne gouvernance en matière de gestion des ressources en hydrocarbures, est l’un des principaux bailleurs des programmes d’assistance du Liban pour son secteur pétrolier naissant. Elle souligne en particulier l’importance d’associer de façon transparente la société civile à ce processus. D’où son parrainage, avec l’association Publish What You Pay, du séminaire destiné à informer les organisations non gouvernementales libanaises des modalités du processus d’adhésion à l’EITI.
Un processus particulier, puisque le Liban a choisi de s’engager avant même d’avoir signé de contrat d’exploration offshore. La clôture du premier cycle d’attribution est prévue à la mi-novembre, selon le nouveau calendrier annoncé en janvier par le ministre de l’Énergie.

Groupe multipartite

« Nous ne saurons pas avant la fin de l’année quelles sont les entreprises qui vont opérer au Liban. Ce qui reporte d’autant l’adhésion officielle du Liban à l’EITI, car celle-ci dépend de la constitution d’un groupe de travail multipartite (État, sociétés privées, organisations non gouvernementales) », a déclaré Diana Kaissy, coordinatrice régionale de Publish What You Pay. Un délai que la société civile doit, selon elle, mettre à profit pour s’organiser et déterminer les modalités de sa participation au futur groupe multipartite. « Il faut définir qui entre dans l’appellation de société civile ; élaborer des critères de qualification pour être représentés au groupe multipartite en tant que représentant de la société civile ; élaborer un processus de désignation ; se mettre d’accord sur une stratégie de communication », détaille Diana Kaissy.
De son côté, l’État se prépare déjà à être en conformité avec l’EITI, a insisté Walid Nasr, membre de l’Autorité du pétrole. « Le Liban a déjà utilisé la norme EITI pour élaborer le projet de loi sur la transparence dans le secteur du pétrole qui est actuellement examiné par le Parlement. Quant au modèle de contrat des accords d’exploration et de production, il prend également en compte les exigences de divulgation de l’EITI », a-t-il précisé, soulignant que les clauses de confidentialité énoncées à l’article 35 du modèle de contrat ne s’appliquent pas « dans la mesure où des informations confidentielles sont divulguées en conformité avec les exigences de l’EITI ou de toute initiative internationale similaire ».