
C’est d’ailleurs pour tirer la sonnette d’alarme et lancer un appel au financement de projets que la Fondation Safadi organisait une conférence le 9 mai à Beyrouth au Grand Sérail.
« Si la vieille ville était le cœur battant de Tripoli, a rappelé Mohammad Safadi, fondateur de la fondation éponyme en 2001, elle est depuis la fin de la guerre de 1975 laissée à l’abandon : la responsabilité en incombe aux pouvoirs publics qui n’ont pas assumé ici leur fonction. » Pour lui, l’État a en particulier laissé la jeunesse se radicaliser faute d’être en mesure d’assurer à la ville et à ce quartier les conditions d’une croissance inclusive. « Sans compter l’afflux massif de réfugiés syriens, venus s’installer dans l’ancien centre-ville, insuffisamment équipé pour accueillir cette nouvelle population et répondre en même temps aux besoins des habitants traditionnels », précise le ministre de la Santé, Ghassan Hasbani. « Globalement, 85 % des habitants de la vieille ville ont un accès désormais limité aux onze dispensaires du quartier, du fait des besoins grandissants des réfugiés. »
Pour les auteurs de l’enquête, le risque de pauvreté s’aggrave avec plusieurs indicateurs qui virent désormais au rouge intense. Et de pointer du doigt un revenu situé au-dessous du seuil de pauvreté (79 % des chefs de famille interrogés n’ont pas même de revenu fixe) ; une situation de privation matérielle (à peine 7 % des ménages prennent part aux activités communautaires) ; et un très faible taux d’activité (au-delà d’un taux de chômage global à 60 %, seules
11 % des femmes travaillent).
Pour enrayer le risque d’exclusion sociale, la Fondation Safadi appelle à la mise en œuvre d’un plan en trois volets (éducation et santé ; développement socio-économique ; développement social et urbain) dont elle estime le financement global à quelque 56,4 millions de dollars sur le long terme. Ses recommandations tablent en priorité sur une remise à niveau des infrastructures présentes dans la vieille ville : elle préconise ainsi la réhabilitation de 1 500 immeubles vétustes, l’amélioration de la qualité de services des dispensaires ou celle de l’enseignement public…
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