Les interventions de la Banque centrale ne constituent pas une source durable de financement pour les banques et le gouvernement, alerte l’institut de recherche de Citibank.

Les mesures extraordinaires prises par la Banque du Liban (BdL) en 2016, puis à nouveau cet été, ont été particulièrement efficaces pour alimenter en liquidités le système bancaire, souligne Citi Research dans un rapport paru mercredi. Ces mesures  permettent à la BDL de  "gagner du temps" , mais elles "ne constituent pas à elles seules une source durable de financement pour les banques et, par extension, pour le gouvernement", alerte toutefois l’institut de recherche de Citibank. 

Rappelant que la soutenabilité de la dette publique dépend largement  de la croissance des dépôts bancaires, dont le rythme a commencé à ralentir début 2016,  le rapport souligne que ces ingénieries financières  "sont parvenues à attirer de nouveaux fonds sur le marché mais de façon temporaire et,  potentiellement, au détriment de flux futurs".  

La première, menée en 2016,  a porté sur plus de 13 milliards de dollars  (soit plus de 20% du PIB), et a permis de renverser la tendance baissière des entrées des capitaux, commente Citi Research.  Mais "ce n’était qu’une solution temporaire", ajoute-t-il.  Selon ses estimations, environ un tiers des dépôts entrants l'année dernière – soit 4 milliards de dollars - avaient une échéance d'un an seulement.

Pour empêcher leur sortie du système bancaire à terme, la BDL a donc dû prendre de nouvelles mesures durant l’été 2017,  avec des mécanismes différents.  En se basant sur des sources financières, City affirme que la banque centrale a proposé aux déposants, à travers les banques, de réinvestir leur argent pour une durée de 5 à 10 ans avec un taux d'intérêt d'environ 7% par an. Pour rendre l'affaire encore plus alléchante, poursuit le rapport, les déposants ont eu la possibilité  d'emprunter jusqu’à 125% du montant de leur dépôt pour un taux très réduit, de seulement 2%, et de réinvestir la somme dans des bons du trésor en livres libanaises à un taux de 7% par an. Les rendements des déposants ont ainsi dépassé 13% par an, souligne le rapport.  

"Le dernier montage s’est révélé être un succès encore plus grand que celui de l’année dernière", les dépôts du secteur financer à la BDL ayant bondi de 10 milliards de dollars entre les mois de mai et août cette année, contre une hausse de 6 milliards en 2016 sur la même période. 

Du point de vue du gouvernement, ces interventions sont souhaitables car elles contribuent à attirer et à conserver des fonds dans le système bancaire sans recourir à une hausse généralisée des taux d'intérêt, qui serait extrêmement coûteuse dans un pays où la dette représente plus de 150% du PIB, estime l'institut de recherche.  Elles permettent également d'alimenter le pays en devises pour financer le déficit croissant de son compte courant courant. "Les avoirs bruts en devises de la Banque du Liban ont augmenté ces derniers mois, mais ses avoirs nets ( si l'on soustrait ses emprunts auprès des banques locales ) sont négatifs et baissent rapidement depuis 2011", affirme Citi qui contredit ainsi la version officielle des autorités monétaires

Au delà des avoirs de la banque centrale, l'institut de recherche souligne que ces ingénieries détournent les banques locales du marché des eurobonds au bénéfice d'acteurs internationaux, ce qui risque d'accroître la volatilité à l'avenir.