Quelque 2000 dollars ! C'est le prix qu’un amateur, qui a préféré rester anonyme, a payé pour une bouteille de Vin D’Or de Château Ksara, datée de 1942. La vente a eu lieu lors d’une enchère qui se tenait à Londres le mois dernier. Organisée par Human Rights Watch, l’adjudication était destinée à lever des fonds pour les opérations humanitaires de l’association.

Pour Dikran Ghazal, directeur général de Château Ksara, « cette vente aux enchères montre qu’il y a des connaisseurs et des collectionneurs qui s’intéressent aux vin libanais, ce qui est un bon signe pour nous ».

On reste cependant loin encore des sommets atteints par Château d'Yquem 1811, adjugé à l'encan en 2011, pour quelque 85 000 euros (100 105 dollars). Ce Château Ksara, adjugé lors de cette vente aux enchères silencieuses pour une cause caritative, bât d'une courte tête le précédent record libanais : un Château Musar était parti aux enchères 1790 dollars à New York en 2013 dans le cadre d'une vente organisée par Christie's.

Proche du style d'un vin Beaumes de Venise, Vin D'Or est un vin doux qui a été embouteillé à l’époque où les Pères Jésuites oeuvraient encore au devenir de Château Ksara, la propriété vinicole de la Békaa, où ils s’étaient installés en 1857, après avoir été chassés d’Algérie.

Assemblage de trois cépages méditerranéens (grenache blanc, malvoisie et macabeu), ce vin doux a passé six mois en barrique. Il a ensuite été entreposé dans les caves souterraines de Ksara près de 76 ans !

« Le temps ne fait rien à l'affaire : tous les grands vins sucrés et alcoolisés se conservent très longtemps, ces vins doux gagnent en maturité et leur degré d'alcool élevé les protège naturellement de l'oxydation et ils se bonifient avec le temps », précise James Palgé, œnologue de Château Ksara. 

Aujourd'hui, Ksara conserve jalousement les quelques 3000 bouteilles qu'il lui reste : « et seules, quelques bouteilles sont vendues d'une année à l'autre.» Le dernier millésime à avoir été commercialisé date de 1947.