L’application mobile Vero
L’application mobile Vero

A 39 ans, Ayman Hariri, le demi-frère du chef du gouvernement libanais, est sous le feu des projecteurs depuis que son application mobile Vero est devenue un hit sur les plateformes de téléchargement. Le fils du premier ministre assassiné a crée ce réseau social, en collaboration avec le producteur de film jordanien Motaz Nabulsi et l'entrepreneur et investisseur américain Scott Birnbaum, en 2015, après avoir quitté la direction du groupe familial Saudi Oger, aujourd'hui en faillite.  

L'application a connu ces derniers jours une soudaine notoriété, dépassant le million d'inscrits, grâce à une campagne de communication virale sur les principaux réseaux sociaux. Plusieurs influenceurs, notamment sur Instagram, ont posté sur leurs comptes des captures d’écran de leur inscription sur la plateforme, encourageant leurs "followers" à en faire autant. L'application s’est retrouvée propulsée en tête des téléchargements sur l’Apple Store dans plus d’une quinzaine de pays, dont les Etats-Unis et la France, entraînant d'ailleurs d'importants ralentissement de son fonctionnement. Ce succès a toutefois été terni par une contre-campagne de communication partie de France et qui se propage sur les réseaux sociaux. Elle incite les utilisateurs à se désinscrire de la plateforme en raison du passé d'Ayman Hariri au sein de Saudi Oger, qui a fermé ses portes sans avoir réglé le salaire des ses employés, dont plusieurs étaient français.

Des fonctionnalités classiques

Vero se présente comme un croisement entre Facebook, Instagram et Twitter. La plateforme apporte en plus la possibilité de trier ses contenus selon leur nature dans des "collections" - photos, liens hypertextes, musiques, vidéos, livres et lieux. L’utilisateur a également la possibilité de classer ses contacts en "amis proches", "amis" ou "connaissances" afin de limiter la visibilité de ses publications à certaines personnes; une option déjà disponible sur Facebook.

"Le contenu n’est plus noyé dans une mare de fils d’information et de publications sponsorisées à l’image de ce que les autres réseaux sociaux sont devenus", annoncaient en 2015 Ayman Hariri et les deux autres fondateurs de la plateforme.

L'interface du réseau social Vero

Pas de publicité et d'algorithme de tri

Au-delà de ces quelques spécificités, Vero s’engage surtout à ne pas diffuser de publicité. Les informations réclamées à l’utilisateur - comme son nom, son prénom, son numéro de téléphone, son adresse mail et, tout de même, le contenu des messages envoyés depuis l’application - ne sont utilisées que pour "faire fonctionner, mettre à jour et améliorer les caractéristiques et fonctionnalités du service" ainsi que "communiquer directement avec l’utilisateur", selon la politique de confidentialité publiée sur le site de l’application.

Par ailleurs l’application affiche le contenu selon un ordre chronologique et non algorithmique, comme c’est le cas notamment sur Facebook. De quoi séduire une partie des déçus du tri des contenus opéré par les réseaux sociaux traditionnels.

Pour l’instant "gratuite à vie" pour les premiers utilisateurs, Vero devrait par la suite fonctionner sur un modèle d’abonnements. "Nous confirmerons la date de mise en place et les tarifs des abonnements à Vero prochainement", a déclaré mercredi l’équipe en charge de l’application. A cela devrait s'ajouter le prélèvement de frais de transaction sur une plateforme de vente en ligne destinée aux marques et accessible depuis l'application. L'avenir du nouveau réseau social est cependant loin d'être garanti, comme en témoigne les mauvaises expériences de plusieurs de ses prédécesseurs - comme Hello, Peach, Diaspora ou même Google + - n'étant  pas parvenus à transformer l'essai. 

Né du second mariage de Rafic Hariri avec Nazik, Ayman Hariri figurait en 2016 à la 1 476e place du classement annuel des milliardaires du magazine Forbes, avec une fortune estimée à 1,2 milliard de dollars.  Il détenait jusqu'à juin dernier 42,24% de la holding familialeGroupMed (propriétaire de la banque BankMed) mais a cédé ses parts à OLT Holding de l’homme d’affaires jordanien Ala al-Khawaja, pour un montant de 535,2 millions de dollars.