L’économie libanaise a affiché une croissance “terne” au premier trimestre, qui s’inscrit dans le prolongement du ralentissement économique du pays enregistré depuis le début du conflit syrien en 2011, a estimé Bank Audi dans son dernier rapport trimestriel.
Parmi les motifs de satisfaction, les auteurs du rapport ont notamment identifié la hausse de 1,4 milliard de dollars des avoirs en devises de la Banque du Liban (BDL), à 43,4 milliards de dollars à fin mars, ou la hausse des exportations (+16,4 %, à 531,4 millions de dollars) sur cette période. Ils déplorent néanmoins le ralentissement, sur la même période, de l’activité dans le secteur immobilier, marquée par la baisse de près de 17 % du nombre de transactions, à 14 818, entre autres. L’activité dans ce secteur, au ralenti depuis 2011, est pénalisée depuis le début de l’année, marqué par la crise des prêts subventionnés.
Bank Audi considère en outre que les résultats de la conférence de Paris, dite CEDRE, qui s’est déroulée le 6 avril, constituent un motif d’espoir à condition que le Liban lance les réformes réclamées par ses soutiens qui prévoient de débloquer plus de 11 milliards de dollars de prêts et de dons pour réhabiliter les infrastructures. Les auteurs du rapport estiment que ces engagements financiers vont avoir un impact positif en dopant le niveau des investissements publics et en favorisant le lancement des réformes fiscales. Ils notent ainsi que le Liban doit atteindre 5 % de croissance d’ici à cinq ans, contre une moyenne de 1,8 % depuis 2011. Un objectif réalisable pour Bank Audi, qui liste cinq défis à relever pour y parvenir : l’augmentation du ratio investissement privé/PIB, de 20 % (son niveau en 2017) à 33 % au moins ; l’augmentation des exportations de 15 % par an afin de contribuer à résorber le déficit de la balance des paiements, dont le cumul a atteint 9,6 milliards de dollars sur les six dernières années ; la modernisation graduelle des infrastructures existantes ; la maîtrise du déficit (qui représente 8 % du PIB) et de l’endettement publics (150 % du PIB) et la hausse graduelle du ratio recettes publiques/PIB, de 19 % actuellement à 23 % d’ici à 2022 ; et enfin le maintien de la performance du secteur bancaire, qui devra continuer à prêter au moins 2 milliards de dollars par an au secteur public et 5,5 milliards de dollars au secteur privé, et conservé un taux de croissance de ses dépôts de 6 % en moyenne.