L’Institut de la finance internationale (IFI), une organisation qui rassemble environ 450 grandes banques et fonds spéculatifs dans le monde, a estimé que l’absence d’un gouvernement opérationnel à la tête du Liban « freine les investissements et la consommation ».

Selon l’économiste en chef de l’IFI pour la zone Mena, Garbis Iradian, cité dans le rapport, la croissance ne devrait pas dépasser 1,3 % en 2018, après avoir atteint 1,8 % en 2017 – une estimation en baisse par rapport aux 2,2 % projetés en février.

Garbis Iradian estime que les réformes pour redresser l’économie libanaise et ses finances publiques doivent être axées en priorité sur la baisse des dépenses affectées aux salaires de la fonction publique, la réforme des retraites dans ce même secteur, la restructuration du secteur de l’électricité et une « amélioration de la conformité fiscale ».

« Le Liban aurait pu éviter l’actuel ralentissement économique si les partis politiques et les responsables s’étaient focalisés sur la mise en œuvre de réformes pour améliorer la compétitivité du pays », estime d’ailleurs le directeur du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril, dont la banque est membre de l’IFI. Le chercheur a également souligné que « c’est d’autant plus important que le Liban doit composer avec plusieurs facteurs, dont la hausse progressive des taux d’intérêt directeurs de la Fed (7 hausses depuis 2015 pour un taux passé de 0 % à une fourchette oscillant entre 1,75 % et 2 %), qui oblige ses banques à redoubler d’efforts pour rester attractif pour les investisseurs et les déposants. Les décideurs politiques doivent arrêter d’être complaisants et relever les défis pour (…) préserver la stabilité financière et monétaire ». Selon l’IFI, le PIB a atteint 53,9 milliards de dollars en 2017. Pour 2018, l’organisation table sur un PIB de 57,2 milliards et de 61,4 milliards en 2019. Le déficit public devrait, lui, atteindre 9,7 % en 2018, contre 7 % en 2017, une année de recettes fiscales exceptionnelles du fait des opérations d’ingénierie financière lancées par la BDL en 2016. Il pourrait se limiter à 9,1 % en 2019. Enfin, les réserves en devises de la BDL devraient atteindre 44 milliards, puis 44,2 milliards en 2018 et 2019, selon l’IFI, contre 43,5 milliards en 2017.