Après le succès de Mitsu-ya, Fady Achkar et le chef Mitsu ouvrent Ramen et Yakiniku, deux nouveaux concepts japonais à Gemmayzé.

Paradoxalement, Fady Achkar découvre le Japon à la fin des années 1980 alors qu’il est aux États-Unis pour terminer ses études. Il habite un quartier où vit une forte communauté japonaise et se passionne pour cette culture, en particulier sa nourriture et son cinéma.

Quand il rentre au Liban dans les années 1990, Fady Achkar rapporte avec lui sa passion du Japon. Mais à l’époque, il n’y a quasiment pas de restaurants japonais à Beyrouth. À défaut, Fadi Achkar créé Bluefin, un importateur grossiste spécialisé dans la revente de produits japonais.

En 2011, première métamorphose : Fadi Achkar devient le traiteur attitré du restaurant My Bar au centre-ville. À cette occasion, il cherche à recruter un “vrai” chef japonais. Après plusieurs tentatives, il rencontre le chef Mitsu. Coup de foudre assuré : le Japonais Mitsu quitte Chypre où il officiait et rejoint Beyrouth.

Son alter ego trouvé, Fadi Achkar n’a plus qu’une idée en tête : ouvrir son propre restaurant. Avec le chef Mitsu, ils imaginent un établissement comme on peut en trouver au Japon, où on sert les produits frais du jour, cuisinés devant les clients. «J’importe et sélectionne les produits, il cuisine, résume Fadi Achkar. Le chef Mitsu est indispensable. Il a une connaissance des produits et une technique que seul un Japonais peut maîriser.»

Mitsu-ya (Chez Mitsu) ouvre ses portes en 2015 à Gemmayzé. Achkar privilégie ce quartier cosmopolite qui attire beaucoup d’expatriés. Souvent complet (mieux vaut réserver à l’avance), le restaurant accueille une trentaine de convives pour une ardoise de 50 dollars lorsqu’on s’en tient au menu izakaya (bistrot) et de 100 dollars pour des sushis.

«On ne vient pas ici pour manger du thon coloré en rouge ou du saumon. Tout est frais, ce sont des produits de qualité», précise Achkar. Parmi les produits rares que l’on retrouve chez Mitsu-ya : le bœuf wagyu, les oursins ou les œufs de morue.

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«Honnêtement je ne pensais pas du tout que ça allait marcher», explique Fadi Achkar qui a investi “seulement” 150 000 dollars. Très rapidement pourtant, le restaurant est salué par les connaisseurs. Parmi ses premiers clients, on retrouve l’ambassade du Japon.

Si la société Bluefin compte aujourd’hui un réseau de distribution de plus d’une centaine de clients, cela a plutôt tendance à inquiéter Achkar. «Tous les restaurants veulent ajouter du sushi à leurs cartes et on se retrouve avec des plats qui n’existent même pas au Japon», déplore-t-il. L’importateur-restaurateur a choisi de s’inscrire dans la logique inverse en ouvrant deux nouveaux établissements japonais, chacun spécialisé dans des plats spécifiques.

À l’automne, il a investi 80 000 dollars pour lancer le premier restaurant de nouilles (japonaises) baignant dans un bouillon bouillant à Beyrouth. Situé en face de Mitsu-ya, Ramen se veut un lieu de passage ou manger sur le pouce : le restaurant accueille une vingtaine de clients assis pour un ticket moyen autour de 15 dollars.

Juste à côté, Yakiniku ouvre ses portes en décembre. Moyennant un investissement de 300 000 dollars, il reçoit jusqu’à 65 personnes assises et dispose aussi d’un espace privatisable. Cette fois-ci, Achkar et le chef Mitsu ont misé sur le barbecue japonais. Plusieurs menus y sont proposés : soupe, salade, riz et une sélection de viandes ou de fruits de mer à faire griller à table. Comptez entre 45 et 160 dollars pour deux.

À terme, Achkar souhaite encore ouvrir deux établissements supplémentaires dans le même quartier : un yakitori et une épicerie. «Cela permettrait de créer un petit Tokyo à Beyrouth», dit-il. Un accomplissement pour lui.