Gregory Buchakjian expose pour la première fois en solo au Liban au musée Sursock jusqu’au 11 février.
Gregory Buchakjian expose pour la première fois en solo au Liban au musée Sursock jusqu’au 11 février.

Certains parlent de “porn ruin” tant l’esthétique des ruines est présente chez les photographes contemporains, spécialement au Liban où, guerre oblige, tout un pan de Beyrouth reste toujours à reconstruire.

On pense bien évidemment à Yves Marchand et Romain Meffre, deux maestros de la photographie européenne, épris d’une architecture à l’abandon. Cette fois, c’est au tour de Gregory Buchakjian de s’y aventurer : historien de l’art, directeur de l’école des arts visuels à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA), ce photographe d’une quarantaine d’années expose pour la première fois en solo au Liban au musée Sursock jusqu’au 11 février.

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Dénommé “Abandoned Dwellings”, son accrochage n’est qu’une toute petite partie d’un immense travail d’enquête, qui l’a mené à errer dans les quartiers de Beyrouth à la recherche de monuments en sursis où les traces d’une vie fantôme se devinent malgré tout.

On sent chez ce photographe une sorte de tendresse amusée pour ces bâtiments balafrés. Si on y regarde de près, on y trouve des bris de verre, des cannettes compactées, ou des documents informes déchirés, qui sont comme autant de pièces à conviction d’une “fête” qui viendrait d’avoir lieu et dont le photographe aurait été exclu pour une inexplicable raison.

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Gregory Buchakjian aime à ajouter à ces espaces dévastés une présence féminine, sorte d’esprit des lieux, à la lingerie souvent vaporeuse.

Aux curieux, qui pénètrent dans les deux salles qui leur sont consacrées, ces photographies procurent une séduction immédiate liée à l’esthétique des ruines et liée aussi à cette “nostalgie pop” érigée en étendard d’une génération toujours à la recherche de “ce qui fut”.

Mais l’on ne peut s’empêcher d’y voir aussi un requiem urbain à la mémoire d’une ville et d’un pays qui continuent de vivre à l’abandon.

“Abandoned Dwellings : Display of Systems” jusqu’au 11 février, Musée Sursock