L'entrepreneur Wassim Hariri a confondé Revotonix, une société spécialisée dans la robotique.
L'entrepreneur Wassim Hariri a confondé Revotonix, une société spécialisée dans la robotique.

Petit, Wassim Hariri adorait désarticuler ses jouets. « Je voulais comprendre ce qu’il y avait dedans, comment ça marchait », se souvient-il. Ce besoin ne l’a plus jamais quitté.

La preuve : fin 2018, Wassim Hariri s’est associé à Abbas Sidawi, doctorant en robotique à l’Université américaine de Beyrouth. Ensemble, ils ont fondé Revotonix, la première société libanaise spécialisée dans la robotique.

La start-up, qui dédie ses créations aux secteurs du divertissement et de la publicité, a pris ses quartiers à Saïda, la ville natale de Wassim Hariri.

La société a été lancée sur fonds propres grâce au coup de pouce d’un angel investor – dont le nom reste confidentiel – pour un montant de 50 000 dollars.

Un premier produit d'ici à avril

Le premier produit de Revotonix, Felix, devrait être sur le marché d’ici à avril. Il s’agit d’un robot mobile muni d’une caméra et de deux écrans.

Destiné à circuler dans des lieux à fort passage comme les aéroports ou les centres commerciaux, Felix “portera” notamment des publicités. Il sera en mesure d’identifier les personnes croisées et pourra ainsi cibler les messages publicitaires en fonction du public.

« L’un des plus gros challenges du secteur publicitaire, c’est la collecte de statistiques. Savoir combien de personnes voient une publicité permet de fixer son prix », explique Wassim Hariri qui souhaite commercialiser les données collectées pour financer son entreprise.

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Mais la source principale de revenus de Revotonix devrait venir des abonnements, dont le prix reste à déterminer, de ces robots aux entreprises clientes.

« Notre robot pourrait même s’appuyer sur la réalité virtuelle. »

Le rêve est ambitieux. Mais à 25 ans à peine, cela fait déjà quelques années que le jeune homme s’en donne les moyens.

À la Hariri Canadian University de Saïda, où il a préparé une licence, il a choisi de se spécialiser en mécatronique, une technologie qui combine la mécanique, l’électronique, l’informatique et les nouvelles technologies. C’est là qu’il se passionne pour les robots dont il dit ne surtout pas craindre la concurrence pour l’homme. « Ils nous aident à nous concentrer sur des fonctions à valeur ajoutée. »

Expériences à l'international

Problème : pour devenir ingénieur robotique d’envergure, il doit s’expatrier. « En la matière, l’Europe est le hub de la recherche en robotique : c’est là que je voulais être, » dit-il. Mais son père ne voit pas d’un bon œil le départ du fils prodigue. C’est finalement sa mère, qui l’a toujours soutenu, qui emprunte de l’argent et finance ses études à l’étranger.

Retenu à l’université de Turin (Italie), Wassim Hariri passe d’abord un master. Il continue sur sa lancée et prépare une thèse, présentée en 2018. En parallèle, il suit même les cours de l’université de Californie, UCLA, pour finaliser un MBA à distance.

Dans le cadre de son travail de recherche, il a besoin d’un stage pratique. L’étudiant envoie alors 40 lettres de motivation à des entreprises spécialisées partout dans le monde. Seul In Systems Automation lui propose un rendez-vous… à Berlin. C’est sa seule chance, il n’hésite pas.

Assez vite, cette PME allemande le fait travailler sur un ambitieux projet : programmer un robot qui fabrique des passeports et des permis de conduire pour l’État allemand. « Je suis arrivé dans mon nouveau bureau, j’ai vu cette énorme machine de 120 kg et je me suis dit que je n’arriverais jamais à contrôler ça ! »

Au bout de trois mois, il y parvient et se voit même proposer un premier contrat alors qu’il rédige toujours sa thèse.

Son patron allemand l’encourage même à créer ses propres robots. Le premier se nomme Sasha : il livre tout seul des repas dans les chambres d’hôpitaux. Début 2018, Sasha remporte la prestigieuse compétition américaine Global Innovation Through Science and Technology (GITST).

In Systems Automation lui propose alors de rester salarié et met à sa disposition toute une équipe pour l’aider à développer son invention. À charge pour lui d’ouvrir des marchés à l’étranger pour cette PME allemande.

Un job qu’il s’apprête finalement à lâcher pour voler de ses propres ailes.