Les comptes de l’État depuis 1993, revus et corrigés, ont été finalisés fin 2018. Pourquoi le ministre des Finances ne les a-t-il pas immédiatement remis à la Cour des comptes, l’organe chargé de les vérifier ? Pourquoi a-t-il fallu attendre que le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, saisisse le parquet financier pour réactiver le dossier ? Pourquoi l’ancien ministre des Finances, Fouad Siniora, a organisé sa défense en mobilisant tous ses soutiens, y compris religieux, alors qu’il n’a pas été directement mis en cause ? Parceque pour tous ces protagonistes, l’affaire des comptes n’est qu’un outil de pression, matière à des compromis dont la classe politique libanaise a le secret.

La gabegie de l’argent public, ils n’en ont que faire. L’argent des Libanais, ils l’ont toujours dépensé pour servir leurs intérêts, financiers ou électoraux. La captation des ressources de l’État au bénéfice d’intérêts financiers, clientélistes et confessionnels est à la base du système actuel.

« L’abus d'un pouvoir reçu en délégation à des fins privées », c’est pourtant ce que l’ONG Transparency International appelle de la corruption. Le phénomène contre lequel toute la république dit aujourd’hui lutter. Avec des mots. Des slogans au lieu d’une vraie stratégie, des réformes, des nouvelles lois, des procédures transparentes… Soyons réalistes : ceux qui se partagent le gâteau n'ont pas intérêt à lutter contre la corruption. Sauf s'ils ont compris, qu'à ce rythme, il n'auront bientôt plus rien à se partager.