Comme certains célèbres entrepreneurs de la tech, Paul Tauk est autodidacte. « Ne manque plus que le succès », plaisante ce développeur et chef d’entreprise expérimenté. L’entrepreneur est entré très tôt dans la vie active, dès la fin du lycée. « J’ai préféré apprendre sur le tas », se souvient-il. En 1992, il quitte le Liban pour rejoindre la société de développement de logiciels Soft Solutions, dans le nord de la France. Après trois années formatrices, il rallie Paris et le gestionnaire de services informatiques EasyVista où il grimpe les échelons.

En 1999, lorsqu’il décide de rentrer au Liban pour se lancer à son compte, son ex-employeur lui propose de devenir son premier client. Roxana est née. La société s’installe aux Cèdres, d’où est originaire Paul Tauk. « Nous avions juste besoin d’une ligne téléphonique pour internet », raconte l’entrepreneur. La société devient un centre de recherche et développement externalisé pour EasyVista et la société américaine de recrutement Job Diva, entre autres. Une dizaine de jeunes diplômés sont recrutés. En huit ans, le chiffre d’affaires de l’entreprise est multiplié par six. Mais l’éclatement de la bulle informatique en 2008 et les difficultés financières de ses principaux clients contraignent Roxana à se diversifier.

Paul Tauk cofonde alors avec l’un de ses employés la start-up Neuros, affiliée à Roxana. La nouvelle société développe des solutions de hiérarchisation des flux d’informations grâce à l’intelligence informatique, en particulier pour le réseau social Twitter. En 2010, le fonds d’investissement Cedrus Venture injecte près de 200 000 dollars. Mais des désaccords stratégiques entre les partenaires mettent fin à l’aventure.

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Paul Tauk tourne vite la page. En 2014, il se lance dans un second projet, Neumann, qui était à l’étude dans les laboratoires de Roxana depuis 2010. Cette fois, il est seul aux manettes. Il met un terme aux activités de sous-traitance de Roxana pour investir tous ses moyens dans la filiale. « On ne peut pas travailler sur deux projets en même temps », reconnaît-il.

Neumann développe une plate-forme capable, grâce à l’intelligence artificielle (IA), d’extraire et d’afficher les données d’une entreprise, de modéliser ses processus et d’automatiser ses opérations. « L’innovation réside dans l’intégration de quatre composantes déjà sur le marché en une seule et même plate-forme », décrit l’entrepreneur.

La start-up a signé en février un mémorandum d’accord avec l’organisme public des télécoms Ogero, pour tester la capacité de la plate-forme à prévenir les pannes et réduire les coûts. Si le contrat se confirme, Ogero s’ajouterait aux autres grands comptes de la société : Bank Audi dès 2015, pour 200 000 dollars ; puis la BLC, Bankmed et le Crédit libanais. En 2018, le Dubai Mall s’est également abonné au service, lui ouvrant le secteur de la distribution. Ces ventes l’ont aidé à lever 4 millions de dollars ces trois dernières années auprès du fonds d’investissement MEVP. Mais avec moins d’un million de dollars de chiffre d’affaires en 2018, Neumann n’a pas encore atteint l’équilibre.

L’enjeu désormais est de s’ouvrir à l’international. Pour cela, Paul Tauk espère lever rapidement entre 1,5 et 2 millions de dollars.