Aujourd’hui, tout est formaté, dit-on. L’originalité, l’imprévu se font rares. Le monde du vin n’échappe pas à cette règle. Mais de plus en plus, d’amateurs recherchent des vins moins prévisibles et moins normés. Pour fêter le retour de l’été et du bikini, Le Commerce du Levant vous propose une courte sélection de vins libanais insolites, qui épateront vos palais… autant que vos convives.

Château Ksara, Merwah 2018 (11 dollars)

Ce vin 100 % merwah, un raisin indigène blanc ancien, est cultivé entre 1 150 et 1 300 mètres d’altitude. Ses vignes sont élevées dans des sols argilo-sableux, riches en fer « qui donnent à ce vin beaucoup de minéralité et de fruité », explique James Palgé, l’œnologue de Château Ksara. En bouche, on y débusque d’agréables saveurs exotiques comme le melon ou la goyave. Le tout avec une légère pointe d’acidité. Proche d’un muscadet, l’œnologue conseille de le déguster avec des fruits de mer. À essayer si vous êtes à la recherche d’un plaisir simple et frais entre amis.

Château Kefraya, Cuvée Adeene (22,5 dollars)

Kefraya franchit un pas de plus dans la connaissance de cépages indigènes. Cette fois, le vignoble a assemblé trois cépages indigènes, ces variétés qu’on retrouve entre le Liban, la Syrie et la Palestine. Si l’obeidi et le merwah commencent à être connus, c’est une première vinification pour le mekssessé, un autre cépage blanc oublié, retrouvé par l’équipe de Kefraya dans les collections du Domaine de Vassal, le centre de recherches sur la vigne de l’INRA en France. « Il apporte une acidité naturelle qui donne à cette cuvée un côté croquant en bouche », affirme Fabrice Guiberteau, l’œnologue du château. En bouche, on devine des saveurs de thé froid, de camomille avec un zeste de citron.


Vertical 33, Obeidi (33 dollars)

Les œnologues, en général, n’aiment pas les vins oxydatifs. Pour eux, ils sont déviants. Mais d’autres y voient une source d’émotions gustatives. Alors, lorsque vous goûterez ce 100 % obeidi de Vertical 33, jeune cave installée sur les hauteurs de Jabal Kneissé (Zahlé), ce sera à vous de décider. Nous, on est définitivement “in”. Vin à la robe dorée, sa dégustation est dominée par des arômes de noix, de cire de miel, de fleurs d’acacia et d’agrumes. Remarquez, nous ne sommes pas les seuls à apprécier : la Revue du vin de France a administré à son 2015 la note exceptionnelle de 19/20.

Domaine des Tourelles, Cinsault Vieilles Vignes (15 dollars)

Le cinsault ? Qui irait boire un cépage pareil ? Aux risques de froisser votre amour propre, vous auriez tort de penser pareille billevesée. Car si le cinsault, ce cépage “pisse vin” du sud de la France, a longtemps eu mauvaise presse, en voici une expression qui tord le cou aux vieux préjugés. Au point que Margaret Rand, auteure de “101 Wines to Try Before You Die”, guide “ultime” des vins à boire avant de trépasser, s’interroge : « Et si ce cinsault était le pinot noir (cépage emblématique des vins de Bourgogne, NDLR) des Libanais ? » L’avenir le dira peut-être. En attendant, régalez-vous de ces vieilles vignes (50 ans d’âge), un vin frais, équilibré, et bien rond. D’une belle complexité, il accompagne sans faillir des plats épicés ou aromatisés.

Château Kefraya, Amphora (29 dollars)

Connaissez-vous les vins d’amphores? Probablement pas, tant cette méthode de vieillissement, qui fut l’apanage des vignerons de l’Antiquité, a presque disparu de la face du monde. Pourtant, cette technique rend possible une micro-oxydation sans donner de goût comme le bois peut le faire. Au Liban, un seul domaine le propose : Château Kefraya, qui commercialise son premier millésime (2017) d’Amphora. Assemblage de tempranillo, de syrah, de cinsault et de grenache, Amphora a été vieilli un an dans des jarres italiennes (320 litres). Résultat ? Un joli coup. Robe couleur carmin ; nez d’épices marqué ; bouche de cerises noirs et d’encens, ça marche à fond.