Le fondateur de Zoomaal et GivingLoop, Abdallah Absi, a troqué sa casquette d’entrepreneur pour celle de salarié chez LinkedIn, à San Francisco. Après huit ans passés à créer des plates-formes de financement participatif, le jeune homme a désormais pour mission de développer la version premium du réseau social professionnel.

À seulement 27 ans, le jeune Libanais a su capitaliser sur son expérience. « Parce qu’il est habitué à gérer plusieurs aspects en même temps, l’entrepreneur possède une compréhension holistique de l’entreprise. C’est particulièrement utile pour un poste généraliste comme celui de chef de produit », dit celui qui a appris à coder seul à 14 ans et qui a fondé sa première start-up sur les bancs de l’université.

C’était en 2010, alors qu’il était encore étudiant en informatique à l’AUB, Abdallah Absi crée Rifflex, une extension de navigateur web.

Etudiant et entrepreneur

Deux ans plus tard, il décide de suspendre ses études pour travailler sur de nouveaux projets. Il rejoint le fonds d’investissement Middle East Venture Partners (MEVP) et développe en parallèle Zoomal, une plate-forme de financement participatif pour soutenir les projets créatifs dans le monde arabe.

« Je suis retourné pour un temps à l’université, mais les choses se sont accélérées. C’est devenu compliqué de gérer simultanément les études et la start-up. »

En 2013, il quitte définitivement l’université, avant l’obtention de son diplôme, pour se consacrer à Zoomaal. La plate-forme propose aux promoteurs d’idées innovantes de promouvoir leur projet en ligne, et de lever des fonds auprès des internautes du monde entier, en échange d’une commission de 5 %, à payer seulement si le projet atteint son objectif de financement.

Le succès est immédiat. « Nous avons réussi à lever plus d’un million de dollars, dont 600 000 dollars auprès de fonds d’investissement comme MEVP, Wamda (EAU), N2V (Arabie saoudite), Sawari Ventures (Égypte), Hivos (Pays-Bas) et Cairo Angels (Égypte).

La start-up est aujourd’hui rentable, avec environ 500 demandes de financement tous les mois. « Zoomaal fait partie intégrante d’une infrastructure essentielle au développement de la créativité dans la région, sans laquelle de nombreux projets ne pourraient pas voir le jour », se félicite son fondateur.

Une seconde start-up de financement participatif

En février 2018, Abdallah Absi a toutefois « l’impression de stagner ». Il quitte ses fonctions exécutives chez Zoomal et s’installe à San Francisco où il cofonde une autre plate-forme de crowdfunding destinée cette fois aux associations, ONG et entreprises sociales. « Les associations passent trop de temps à rechercher des fonds, au détriment de leur action », constate Abdallah Absi. L’objectif de Givingloop est donc de leur donner davantage de stabilité financière en permettant aux internautes de contribuer sous forme de donations mensuelles aux associations de leur choix, en échange d’une transparence totale de l’utilisation faite de ces fonds grâce à des rapports mensuels. Givingloop se finance en prélevant 5 % des donations.

La start-up, qui est aujourd’hui rentable collecte environ 400 000 dollars par an de dons pour le compte d’une dizaine d’associations. « C’est la vision sociale perpétuée par GivingLoop et Zoomal dont je suis le plus fier », confie-t-il. Pour lui, ce constat n’est pas en contradiction avec son choix de rejoindre LinkedIn. « J’accorde beaucoup d’importance à l’impact qu’un individu peut avoir dans le cadre de son travail, quelle que soit la structure dans laquelle il exerce. Le potentiel de LinkedIn, parce qu’il représente une opportunité économique pour ses nombreux utilisateurs, est de ce point de vue immense », dit-il.

Abdallah Absi ne renonce pas pour autant à l’entrepreneuriat. « Je suis devenu beaucoup plus prudent dans ma vision de l’entrepreneuriat : le but n’est pas de créer à tout prix, mais de savoir où l’on peut être pertinent », conclut-il.