Cristiano Pasini, représentant de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi)
Cristiano Pasini, représentant de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi)

Il n’est pas facile d’être un industriel au Liban. La plupart des infrastructures du Liban ont été endommagées durant les conflits successifs, faisant du transport et de l’approvisionnement en énergie une lutte quotidienne. Cela a entraîné une hausse significative des coûts de la production, réduisant la compétitivité des industriels libanais et leur capacité à investir pour étendre leur production. Plus récemment, la crise en Syrie a perturbé l’acheminement des marchandises à travers les frontières, aggravant la situation des exportateurs, notamment vers les pays du Golfe.

L’un des principaux défis pour le secteur est le manque de zones industrielles équipées et spécialisées qui offriraient aux industriels l’espace et les infrastructures nécessaires, à des prix abordables. Au cours des dernières décennies, l’industrie s’est développée de manière très aléatoire. Beaucoup de sites industriels sont aujourd’hui cernés d’immeubles résidentiels. Conséquence : les riverains se plaignent de la pollution et du bruit, et les industriels souffrent du manque d’accessibilité, d’espace et d’infrastructure adaptés.

Depuis 2017, l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi), avec l’aide financière de l’Italie, assiste le ministère de l’Industrie libanais dans le développement de zones industrielles durables sur des terrains publics. À ce jour, ces projets ont obtenu des engagements financiers de 7 millions d’euros de la part du gouvernement italien, et de 52 millions d’euros de la part de la Banque européenne d’investissement (BEI), pour développer l’infrastructure. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) envisage également de financer les investissements dans ces zones, devenues prioritaires pour le gouvernement. Leur création a ainsi été présentée comme une priorité nationale par le Premier ministre Saad Hariri, le 31 juillet, lors du lancement de la campagne nationale de soutien à l’industrie libanaise. Elle fait aussi partie des projets annoncés l’année dernière dans le cadre de la conférence CEDRE.

Dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement, les zones industrielles ont été utilisées comme un moyen de développement industriel pendant plus de 60 ans. L’expérience montre que lorsqu’elles s’inscrivent dans le cadre d’une politique bien étudiée, les zones industrielles peuvent être des instruments efficaces pour stimuler le développement économique, social et environnemental.

Les zones industrielles équipées fournissent les terrains, l’infrastructure et les services nécessaires pour démarrer ou développer l'activité économique dans des endroits et/ou dans des secteurs économiques spécifiques. Elles peuvent aussi offrir des incitations fiscales, un traitement préférentiel pour l’obtention de licences ou d'autres avantages opérationnels pour encourager les industries à investir dans la zone et guider le développement industriel.

L’enjeu environnemental est également important. Les plans directeurs des nouvelles zones prennent en considération l’aspect environnemental, en proposant des solutions en matière d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique, de gestion des déchets et de préservation de la biodiversité. Les déchets organiques peuvent par exemple être utilisés par une usine de bioénergie pour produire de l'énergie renouvelable pour la zone.

Les zones industrielles visent donc à créer un environnement favorable aux industries libanaises, leur permettant de développer leur production, créer de nouveaux emplois et contribuer à une croissance durable et respectueuse de l’environnement.