L’agence de notation Fitch a dégradé mi-décembre la note souveraine du Liban de CCC à CC, après la dégradation à CCC en août. L’agence considère désormais très « probable » que le Liban procède à une restructuration de sa dette publique ou « fasse défaut » à ses prochaines échéances. Des scénarios envisagés en raison de « l’incertitude aiguë » concernant la situation politique du pays, des « mesures informelles de contrôle de capitaux » mises en place par les banques et de l’impact sur les entrées de capitaux de la baisse de confiance des déposants et investisseurs envers le secteur bancaire.

Outre l’instabilité politique et l’absence de perspective de résolution des tensions à court terme, Fitch a justifié cette dégradation en citant les indications laissant craindre une forte récession de l’économie, tout comme l’émergence d’un marché de change parallèle et « l’échec de la Banque du Liban à assurer pleinement le service de ses obligations en devises ». Elle a expressément fait référence sur ce point à la circulaire n° 536 du 4 décembre, à travers laquelle la Banque centrale s’est autorisée à régler en livres libanaises la moitié des intérêts sur les certificats de dépôt et dépôts bancaires en devises.

Fitch estime que les réserves brutes de devises de la BDL atteindront 28 milliards de dollars fin 2019, en baisse de 4 milliards de dollars sur un an, et continueront de s’effriter en 2020, en raison des « importants besoins de financement extérieur » et des 2,5 milliards de dollars d’eurobonds arrivant à échéance au cours de cet exercice.

L’agence voit, en outre, les importations diminuer de moitié, pour se situer dans une fourchette allant entre 8,5 et 9,5 milliards de dollars. Sur le plan des finances publiques, elle table sur un ratio déficit/PIB de 9,3 % à fin 2019 (contre 7,5 % anticipé dans le budget pour l’année en cours).

Fitch n’exclut pas, en revanche, de rehausser la note du pays en cas de déblocage d’importants financements extérieurs, sans que cela ne soit conditionné à une restructuration de la dette, ou en cas de hausse des dépôts des non-résidents. Une amélioration est également envisagée en cas d’ajustements fiscaux et économiques qui permettraient d’éviter une restructuration de la dette.

De son côté, Standard & Poor’s (S&P) a maintenu, le 20 décembre, la note du Liban à CCC/C, avec perspective négative. « Le Liban pourrait faire face à des options politiques difficiles concernant les systèmes monétaires et bancaires à l’avenir », prévient l’agence de notation. « Les dangers de la vacance politique prolongée augmente l’ambiguïté qui entoure les politiques (économiques, financières et monétaires) », relève-t-elle encore.