L’investissement doit permettre au fabricant de médicaments de doubler sa production, destinée au marché local et régional. 

En pleine période de pandémie de Covid-19, cela tombe à point nommé : Algorithm, qui produit notamment l’azithromycine, une des molécules que préconise le professeur Didier Raoult pour soigner les patients atteints, vient de terminer les travaux de sa nouvelle usine de 14 000 m2. Situé à Zekrit (Mont-Liban), le site industriel est dédié à la fabrication de médicaments, principalement de génériques dans le domaine de la cardiologie, la neurologie et de l’immunologie. L’activité doit démarrer dans le courant du mois de mai. « Nous fabriquons et/ou nous conditionnons sous licence pour le compte d’une quinzaine de laboratoires internationaux. La nouvelle usine doit nous permettre d’au moins doubler notre capacité », fait valoir Yasmine Ghorayeb, chargée du développement au sein d’Algorithm.

Pour cela, la société fondée en 1961 sous le nom de Charles E. Frosst & Co. envisage le recrutement d’une centaine d’employés dans un premier temps. « C’est un pari assez fou compte tenu de la crise économique et des problèmes financiers que traversent le pays ainsi que la région », précise son directeur général de la santé et de la production, Nabil Ghorayeb, qui affirme avoir investi « plusieurs dizaines de millions de dollars », sans espérer un retour sur investissement rapide. « La construction de cette nouvelle entité n’avait de sens que si celle-ci était à la pointe de l’innovation technologique et suivait les normes internationales de qualité, de fabrication et d’ingénierie », explique-t-il. Parmi les différents processus mis en place, l’automatisation de la production avec une salle de contrôle centrale ainsi que celle du nettoyage. L’usine est également dotée d’un système d’eau purifiée par osmose inversé de même que d’un centre de retraitement des eaux usées. Elle est en outre équipée d’un système de filtrage de l’air du type HVAC pour éviter toute contamination des produits fabriqués.

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Augmenter ses parts locales 

L’objectif du groupe est d’abord de se renforcer localement alors que seulement un tiers de sa production est aujourd’hui vendue au Liban. Il y a, il est vrai, une place à prendre : si le marché pharmaceutique représente 1,98 milliard de dollars par an, selon le Syndicat des industries pharmaceutiques libanaises (SIPL), les fabricants libanais n’en captent qu’une portion réduite, de l’ordre de 7 %. Dans d’autres pays comme l’Arabie saoudite ou la Jordanie, la production nationale atteint une part bien plus importante, 31 % et 40 % respectivement. « Nous aurions besoin du soutien du gouvernement pour valoriser et protéger la production locale, assure Nabil Ghorayeb. Il faut par exemple décourager l’importation de génériques, surtout lorsque ceux-ci peuvent être facilement fabriqués localement. » Mais pour Algorithm, l’ancrage local ne saurait suffire. Déjà présent dans 18 pays étrangers – l’Arabie saoudite étant son principal marché d’exportation –, le groupe entend en parallèle augmenter encore ses parts au niveau régional, un marché que le directeur général de la santé et de la production estime à environ 15 milliards de dollars. « Si nous exportons les deux tiers de notre production, nos parts restent malgré tout relativement faibles. » Avec l’usine de Zekrit, espère-t-il, cette réalité devrait changer.

Une erreur s'est produite lors de la rédaction de cet article : c'est M. Nabil Ghoyareb, directeur général de la santé et de la production, qui a été interrogé et non pas son frère Sélim, comme précédemment écrit.