3 questions à Joe Dakkak, directeur général de Merit Corporation, groupe CMA CGM

Joe Dakkak, directeur général de Merit Corporation, groupe CMA CGM
Joe Dakkak, directeur général de Merit Corporation, groupe CMA CGM

Assiste-t-on à un écroulement des volumes d’importation avec l’épidémie ?

Entre décembre 2019 et février 2020, les volumes des importations dans les deux ports libanais ont très largement baissé, -53 % par rapport à la même période l’année passée. Cette chute est directement liée à la crise économique et financière que traverse le pays. En mars cependant, alors que l’épidémie de Covid-19 débutait au Liban, les volumes se sont redressés : +15 % par rapport au début de l’année. Ce regain est dû à l’ajustement du marché : les importateurs commencent à mieux cerner la gravité de la crise et adaptent leurs commandes.

Pensez-vous qu’il y ait un risque de pénurie, notablement sur les produits de première nécessité ?

Non, il y aura des manques sur des produits, mais pas de pénurie, selon moi. Pour limiter l’inflation, les distributeurs cherchent des produits de substitution, moins chers, qui “effacent” une partie de la hausse des prix. Les importations en provenance d’Europe ou d’Asie ont ainsi perdu de grosses parts de marché au profit de pays comme la Turquie, l’Égypte, l’Afrique du Nord ou encore ceux de la mer Noire. Je pense que la tendance se confirmera dans les mois qui viennent.

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La crise sanitaire a-t-elle eu une incidence sur les infrastructures portuaires ?

Les ports libanais ne sont jamais arrêtés de travailler, à l’exception du port de Tripoli, où un malade a été identifié parmi les salariés d’un prestataire, obligeant le site à fermer trois jours pour une opération de désinfection. Il faut le répéter : le transport maritime de marchandises ne représente pas un danger en termes de propagation du coronavirus. Les compagnies maritimes font d’ailleurs partie des sociétés exemptées de l’obligation de quarantaine. Dans les ports, tout le monde est équipé de protection individuelle et tout le monde travaille. À CMA CGM, nous avons maintenu nos douze escales hebdomadaires et avons mis en place un dispositif pour protéger la santé de nos collaborateurs. Un service minimum au niveau des opérations de navires et du service clientèle est assuré en rotation, les équipes sont mobilisées chaque jour pour soutenir le transport et l’acheminement logistique des biens de première nécessité sur tout le territoire libanais.