Afin de répondre à la demande de rapatriement des quelque 20.000 Libanais à l’étranger, le gouvernement a mis en place un mécanisme qui prévoit qu’à leur retour, les expatriés soient placés à l’isolement dans des hôtels en attendant les résultats des tests de dépistage du coronavirus, généralement sous 24 heures. Mais à l’exception de quelques hôtels accueillant des clients à l’année, l’immense majorité des établissements étaient fermés.

« Dans le contexte actuel, il vaut mieux être fermé qu’ouvert. Car les hôtels font face à des coûts fixes énormes en termes d’électricité, de chauffage, d’air conditionné, d’eau chaude et de masse salariale qui ne sont pas amortis avec quelques clients », souligne Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers.

Lire aussi: L’hôtel Bristol tire sa révérence

Le gouvernement a envisagé dans un premier temps de réquisitionner les hôtels avant d’opter pour une libre participation. Pierre Achkar a alors contacté plus de 500 hôtels avant que le gouvernement ne restreigne ses recherches dans un périmètre allant de l’hôtel Riviera à l’aéroport de Beyrouth, afin de rester à proximité de l’hôpital Rafic Hariri. 

Mais devant les risques de contamination et les tarifs proposés pour la première nuitée, prise en charge par la Middle East Airlines, peu d’hôteliers ont répondu présents.

« Nous avons pris la décision de ne pas accueillir d’expatriés, car nous estimions que la situation était risquée au niveau sanitaire et les prix trop bas. C’est beaucoup de tracas pour seulement une nuit », justifie Cynthia Flouty, directrice des ventes et du marketing de l’hôtel Mövenpick. L’établissement a néanmoins accepté d’accueillir des expatriés souhaitant effectuer leur quarantaine à l’hôtel après un résultat négatif au test PCR.

Lire aussi: Le casse-tête du déconfinement

Le choix de l’État s’est alors porté sur les établissements de la chaîne Lancaster, dont le propriétaire Wissam Achour est également propriétaire de l’hôtel Eden Bay qui a défrayé la chronique. « Il n’y a pas eu de deal particulier avec M. Achour, assure pourtant Pierre Achkar. Il avait 750 chambres disponibles dans la zone située autour de l’aéroport. Cela permettait de ne pas disséminer les voyageurs dans une quinzaine d’hôtels différents et de n’avoir qu’un seul interlocuteur. » Finalement, d’autres établissements ont rejoint les deux hôtels Lancaster, parmi lesquels le Parisien et le Radisson Blu Martinez.

Ce dernier affirme avoir pris toutes les mesures sanitaires nécessaires. « Nous avons suivi les directives du ministère de la Santé. Nos équipes portent des gants et des masques, et évitent les contacts avec les clients. Les repas étaient livrés dans des contenants jetables déposés devant la chambre des clients », explique François Galoisy, directeur général du Radisson Blu Martinez Hotel. L’hôtel, qui dispose de 185 chambres, a accueilli les passagers de quatre vols pour une durée d’une nuit en moyenne, à tarif réduit non communiqué.