Mike Sport, Marie France, Brands for Less, Carter's et OshKosh B'gosh... Plusieurs distributeurs ont décidé de temporairement fermer leurs portes pour dénoncer la dégringolade de la livre libanaise.

Le magasin Mike Sport de Hazmié
Le magasin Mike Sport de Hazmié M.A.

Mike Sport, Marie France, Brands for Less, Carter's et OshKosh B'gosh… Plusieurs distributeurs ont annoncé mercredi la fermeture temporaire de leurs points de vente, en signe de contestation contre l'inaction des pouvoirs publics face à la forte dépréciation de la livre libanaise ces derniers jours sur le marché noir.

« Nous avons lancé l’idée de cette initiative lundi lors d’une réunion entre acteurs du secteur, explique Samir Saliba, le PDG de Mike Sport, l'une des premières chaînes à avoir annoncé sur les réseaux sociaux la fermeture de ses magasins et appelé à une manifestation au centre-ville mercredi. « En continuant à augmenter les prix, nous risquons de perdre la confiance de notre clientèle et, au lieu de nous concentrer sur notre stratégie de survie, nous passons nos journées à courir après les dollars chez les changeurs ; nous ne pouvons plus continuer ainsi », dénonce le chef d’entreprise.

Plusieurs autres distributeurs lui ont emboîté le pas. « Le rythme de la dévaluation est effrayant, nous n’avons même plus le temps de changer les prix, », ajoute Eddy Abi Nasr, le PDG de Marie-France. « Cette décision, qui je l’espère va faire boule de neige, est un message d’alerte à l’intention de la classe dirigeante qui doit prendre des mesures pour nous permettre de rouvrir », explique le fabricant de collants, lingerie et cotonnades.

Le groupe Brands for Less – qui regroupe les magasins de la marque éponyme ainsi que ceux des marques Home for Less et Mumuso – redoute d’y perdre sa réputation: « Nous sommes connus pour nos bonnes affaires, pas question de devenir un ‘Brands for More’ », surenchérit le directeur général Claude Nemr.

Les distributeurs font face à une hausse drastique de leurs coûts, même pour ceux dont la marchandise est produite localement. « Nos frais, qui incluent l’importation de matières premières et de produits semi-finis, ont plus que doublé depuis octobre », explique Eddy Abi Nasr. « Nous avons supporté une partie de ce renchérissement en limitant à 40% l’augmentation des prix en livres libanaises, mais ce faisant nous nous dirigeons vers une mort lente ».

Souvent à perte, les ventes se font aussi au compte-goutte. Mike Sport a par exemple enregistré une baisse d'activité de 30% sur un an en mai et de 70% en juin. Le groupe Brands For Less affirme, lui, avoir enregistré une baisse de ses ventes en volume de plus de 70% depuis octobre.

« Et dire qu’on avait fait l’impossible pour avoir un stock pour l’été », déplore Milad Akoury, à la tête du groupe Zavco Group, distributeur exclusif des marques de vêtements pour bébés Carter's et OshKosh B'gosh.

Tous les distributeurs n’ont cependant pas souhaité participer à cette initiative. « Certains préfèrent continuer à écouler leurs stocks », justifie Eddy Abi Nasr.

L’entreprise Tchooz Shoes - distributeur entre autres de la marque Puma – et le groupe Calia - distributeur des marques LC Waikiki, Madame Coco, Etam et Undiz - ont notamment démenti leur intention de fermer leurs portes immédiatement, contrairement à des informations contradictoires ayant circulé sur les réseaux sociaux.

« Nous n’avons pour l’instant pas annoncé de mesure en ce sens, bien que ce soit une éventualité, encore plus en raison des coupures d’électricités qui viennent s’ajouter depuis quelques jours aux difficultés monétaires », explique Roger Georges, le PDG du groupe Calia.