Joseph et Alain Saade.
Joseph et Alain Saade.

Début septembre, une longue file d’attente s’étire devant le restaurant Malak Al Tawouk en plein cœur de Paris, à deux pas de la place de la République. Un mois après son lancement, l’enseigne du 10e arrondissement a rapidement trouvé sa clientèle.

« Le bouche à oreille a très bien fonctionné. Au départ, ce sont les Libanais de la diaspora qui ont été séduits par l’ouverture, puis ils ont rapidement invité leurs amis français », confirme Joseph Saade, qui a cofondé et codirige Malak Al Tawouk avec son frère Alain.

Pendant son premier mois d’exercice, l’établissement parisien qui peut accueillir 35 personnes sur une surface d’environ 100 m2 a attiré quelque 400 clients par jour.

À la carte, on trouve les mêmes plats qui font le succès de Malak Al Tawouk au Liban : burger, tawouk, fattouch… Il faut compter huit euros en moyenne pour un menu : sandwich avec boisson et accompagnement. Les cuisiniers quant à eux, ont été formés à Beyrouth.

Au total, 700 000 euros ont été investis dans l’établissement parisien par les franchisés Magali et Tarek Mekkaoui. Il est doté d’une cuisine centrale, qui produira les sandwiches pour d’autres enseignes parisiennes ; deux Malak Al Tawouk devraient en effet ouvrir prochainement en Île-de-France.

Lire aussi : La métamorphose des restaurants libanais à Paris

Rencontreront-elles le même succès qu’au Liban ? L’enseigne des frères Saade n’a fait que grandir depuis son ouverture en 1996, à Jounié. « Lorsque nous étions jeunes, notre père dirigeait un petit restaurant. Nous avons voulu prendre le contre-pied de ce qu’il faisait. Il proposait des petits sandwiches, plutôt chers, nous avons misé sur des plus gros pour moins cher. Ça a fonctionné instantanément, dès le premier jour », se souvient Joseph Saade.

En 2003, l’enseigne ouvre un deuxième établissement à Furn el-Chebbak avant d’essaimer dans la capitale. Aujourd’hui, Malak Al Tawouk compte 37 branches au Liban et vend 35 000 sandwiches en moyenne par jour. Un nouvel établissement ouvrira à Mansourié d’ici deux mois. Celui de Mar Mikhaël, fortement touché par la double explosion du port, est en cours de reconstruction.

Depuis la crise économique, la marque rencontre des difficultés à l’instar de tous les acteurs de la restauration. Le prix des sandwiches a dû être revu à la hausse : de 6 500 LL à 12 000 LL pour faire face à l’effondrement de la livre libanaise.

Les quelque 1 100 employés ont quant à eux conservé leur emploi et une partie de leur salaire est versé en dollars. Aucune des enseignes libanaises n’a pour l’instant fermé ses portes. « La situation est difficile mais le plus important pour nous c'est de garder la marque Malak Al Tawouk au Liban et de conserver le même niveau de qualité, même si on ne fait pas de bénéfices pour le moment », explique Joseph Saade.

Les deux frères ont commencé leur percée en dehors des frontières libanaises en 2019 avec l’ouverture d’une première franchise à Dubaï, qui en compte six aujourd’hui. Une franchise au Qatar ouvrira d’ici la fin de l'année et des ouvertures en Arabie saoudite, en Égypte et en Grande-Bretagne sont à l’étude.

« Avec la crise, c'est devenu une évidence pour nous que nous devons nous développer à l'étranger. Mais c'est un processus qui prend du temps, il faut attendre le bon moment », indique Joseph Saade.