Un article du Dossier

Les offshores libanaises se développent doucement

Créé en 1998 à Chypre puis installé à Beyrouth en 2004, Chedid Re est aujourd’hui en pleine expansion régionale et vient d’être nommé “Meilleur courtier de réassurance” pour la deuxième année consécutive lors des Insurex Awards de 2011. Le groupe libanais de réassurances compte quatre filiales à Limassol, Dubaï, Doha et Riyad. « Nous allons clôturer 2011 avec un chiffre d’affaires consolidé de 280 millions de dollars, en croissance de 27 %. La part de l’activité réalisée au Liban est tombée à 10-11 %, contre un tiers il y a cinq ans. » Pour le fondateur et PDG de la compagnie, Farid Chedid, le Liban reste la base de cette expansion, puisque le siège emploie 106 des 160 employés du groupe. Mais le risque de devoir délocaliser un nombre croissant d’employés est grand, la loi libanaise sur les offshores interdisant l’activité d’assurance. C’est, dit-il, autant d’opportunités d’emplois en moins pour le Liban et donc d’effets sur la croissance.
Car, à défaut de pouvoir bénéficier des avantages fiscaux de la place offshore de Beyrouth, pour l’exportation de services financiers vers la région, Chedid Re est incité à s’installer dans les autres centres offshore du Moyen-Orient pour rester compétitif. « C’est dommage, car le Liban a vocation à offrir des services financiers de grande qualité à toute la région, grâce à ses ressources humaines qualifiées et sa capacité d’innovation », déplore Farid Chedid.
Dans l’esprit du législateur, l’interdiction d’exercer des activités financières vise à empêcher que Beyrouth devienne un paradis du blanchiment et de l’évasion fiscale. Un postulat erroné selon Chedid pour qui le blanchiment n’est pas l’apanage des activités financières. « On peut faire du blanchiment avec une salle de cinéma, un immeuble, un restaurant, un commerce de détail… ce qui est important en la matière ce sont les règles et les procédures de contrôle. Or la régulation des activités financières n’est absolument pas incompatible avec la législation offshore. Dubaï en est l’exemple le plus concret : les sociétés offshore enregistrées au DIFC (Dubai International Financial Center) sont soumises à des réglementations plus strictes que celles qui opèrent onshore. »
Sur le créneau de l’assurance, le Liban a d’ores et déjà un sérieux concurrent régional : la Jordanie. « De par sa proximité géographique, sa relative stabilité politique, ses ressources humaines et surtout les lois qui réglementent et facilitent les activités à l’exportation des compagnies d’assurances offshore, elle est en train de se positionner comme un nouveau centre financier régional et a enregistré une croissance annuelle de 25 % dans le secteur de l’assurance entre 2000 et 2008. 
Le problème de compétitivité du Liban en matière d’assurance ne se limite pas à l’interdiction d’accéder à la législation offshore, ajoute Farid Chedid : « La fiscalité en matière d’intermédiation financière repose sur une taxe forfaitaire sur le chiffre d'affaires qui s’ajoute à l’impôt sur les bénéfices, ce qui plombe l’activité. »
L’activité de Chedid Re consiste en effet à structurer un programme de réassurance pour le compte d’une compagnie d’assurances libanaise. Il est un intermédiaire entre cette compagnie libanaise et un groupe de réassurances. Le service qu’il fournit est taxé 2,25 % du chiffre d’affaires que le réassureur refuse d’acquitter et qui est donc intégré par la compagnie dans son coût de réassurance. « Le problème se pose lorsque nous effectuons la même opération triangulaire pour une compagnie régionale : Chedid Re ne peut pas répercuter le coût additionnel sur le client, au risque de le perdre, or cette taxe représente 40 à 90 % de notre marge suivant les cas. »
 

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