Un article du Dossier

Les offshores libanaises se développent doucement

Empire International est l’une des sociétés offshore les plus anciennes du Liban. Elle a été créée le 11 mars 1994, lorsque le groupe a décidé de développer la distribution de films au Moyen-Orient. Jusque-là, Empire, la société fondée par la famille Haddad en 1919, réalisait la quasi-totalité de son activité de distribution et d’exploitation de films au Liban. Dès 1995, une filiale, baptisée Empire Golfe, est ouverte à Dubaï, cœur de ce marché en pleine expansion. Empire Golfe emploie 13 des 20 employés de sa maison mère, Empire International, sachant que le groupe en compte 250 au total (en comptant le personnel libanais chargé de l’exploitation des salles).
Empire International distribue notamment les films de Columbia, TriStar et Twentieth Century Fox, et compte aussi des bureaux à Bahreïn, en Syrie, en Jordanie et en Égypte. Aujourd’hui, les Émirats arabes unis représentent un marché de 10 millions d’entrées par an, en croissance annuelle de 10 %. Par comparaison, le Liban stagne à 2,5 millions d’entrées par an. « Le marché régional est en pleine expansion et c’est grâce à notre structure offshore que nous sommes capables de nous y développer », explique Gino Haddad, membre du conseil d’administration.
L’Irak figure parmi les marchés les plus porteurs. « Le pays ressemble à Dubaï il y a 20 ans », se souvient Haddad. Empire a décidé d’y franchir une nouvelle étape de son développement à l’international en se lançant dans l’exploitation de salles à Erbil à travers une société filiale de la offshore Empire International. L’investissement est de neuf millions de dollars pour un complexe de 14 salles dont l’inauguration est prévue pour la fin 2012. Le groupe envisage deux autres projets au Kurdistan, à Suleimania (12 salles) et à Dohuk (huit salles), ainsi que d’opportunités dans toute la région. « Nous regardons notamment vers la Libye, même si c’est encore un peu tôt pour s’engager. »
Ces efforts hors des frontières du Liban ne conduisent pas pour autant le groupe à délaisser son pays d’origine. Empire y exploite notamment le plus grand multiplexe du pays, CinemaCity au CityMall, qui devrait atteindre le seuil du million de spectateurs en 2011, contre 900 000 en 2010 qui était déjà un record.      « Nos taux d’occupation supérieurs à 30 % sur l’année sont très bons, comparables à ceux des multiplexes des grandes capitales européennes », se réjouit Gino Haddad. Le chiffre d’affaires du groupe devrait augmenter de 15 à 20 % en 2011. Une croissance appelée à se poursuivre : d’ici à la fin de l’été 2012, il devrait avoir 14 nouvelles salles à son actif, avec l’ouverture prévue d’un multiplexe dans les Souks de Beyrouth. Le montant de l’investissement partagé avec Solidere est « confidentiel »... Et 10 autres salles au printemps 2012 dans la Békaa, où le groupe a investi 4,5 millions de dollars. « Au total, nous allons doubler le nombre de salles que nous exploitons. »
Car Gino Haddad n’a jamais cessé de croire à l’avenir du cinéma, malgré la concurrence des DVD et de la télévision numérique. « Il faut envisager le cinéma comme une destination de loisirs. Or à la question “où sort-on”, il reste l’une des meilleures réponses, surtout pour les plus jeunes, en raison de son prix abordable et de son environnement rassurant pour les parents. »
 

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