Un article du Dossier

Les offshores libanaises se développent doucement

C’est à Miami en 1996 que Jack Penrod et Éric Omores fondent Nikki Beach. Le concept de cette marque haut de gamme : des clubs de plage de luxe avec restaurants et boîtes de nuit, et un design très particulier. Nikki Beach s’est développée rapidement en s’implantant dans d’autres pays et en élargissant son domaine d’activités à l’événementiel, la musique, une gamme d’habits pour plage, un magazine de mode… et elle est désormais associée à des noms comme Saint-Tropez, Marbella, Marrakech ou le Festival de Cannes. « Lorsque l’Espagne a choisi de faire une campagne pour vanter cette destination touristique, Nikki Beach Marrakech a été choisie comme l’un de ses emblèmes », raconte Jihad el-Khoury. Cet homme d’affaires libanais, ancien PDG de l’hôtel Don Carlos Beach & Golf Resort à Marbella appartenant à sa famille, s’est associé en 2007 à Jack Penrod pour décliner la marque Nikki Beach dans le secteur de l’hôtellerie. La joint-venture Nikki Beach Hotel and Resorts est née sous forme de société offshore enregistrée à Beyrouth en 2008.
« L’idée est de proposer à nos clients un service d’hôtellerie très haut de gamme. Nous avons choisi de commencer par le bassin méditerranéen, car la région est très prometteuse en terme de développement touristique », explique Jihad el-Khoury, le PDG.
La société qui emploie une dizaine de personnes opère déjà un hôtel en Thaïlande, à Koh Samui, et développe sept autres projets déclinés en trois marques : Nikki Beach Resort and Spa ; The Nikki, un concept plus urbain ; et Casa Nikki, un concept davantage familial et “lifestyle”, plus accessible en terme de prix. L’investissement total pour ces huit établissements serait d’environ 250 millions de dollars pour un millier de chambres au total réparties entre Chypre, la Croatie, la Grèce, Qatar, l’Égypte et le Cap Vert. D’autres contrats sont « en cours de finalisation » à Acapulco, Ibiza, Amsterdam et au Monténégro, précise Sary Arab, directeur général et associé de la offshore.
En Égypte, Nikki Beach Hotel and Resorts a deux projets, un 125 chambres à Hacienda Bay, sur la Méditerranée, dont l’ouverture est prévue en 2013, et un nouveau boutique-hôtel de 100 chambres pour lequel un accord a été conclu fin octobre 2011 avec Egyptian Resorts Company, la compagnie qui développe la station balnéaire Sahl Hasheesh sur la mer Rouge.
Le premier Nikki Beach Resort and Spa sera inauguré au Qatar en avril 2012, en partenariat avec le groupe United Development Company, qui a développé The Pearl à Abou Dhabi. Montant de l’investissement : 42 millions de dollars.
« Notre chiffre d’affaires devrait s’établir à 15-20 millions de dollars en 2014 et nous visons de doubler le portefeuille de projets d’ici à 2015-2020.
La société, qui a démarré avec un investissement de cinq millions de dollars, assure le développement, la gestion et la promotion des hôtels, sans investir directement dans l’immobilier. « Nous sommes des opérateurs mais nous envisageons de prendre des participations dans des projets stratégiques. »
Une activité de service par excellence qui justifie le choix du Liban comme base des opérations de la société offshore. « L’emplacement géographique est idéal par rapport à notre cible qui s’étend du Golfe à la Croatie ; de même que le cadre de vie pour nos employés, qui sont surtout des étrangers. »
Mais ces deux atouts sont contrebalancés par deux handicaps, lorsque le choix doit se faire entre Beyrouth et Dubaï, estime Jihad el-Khoury. « Alors que Dubaï offre un véritable guichet unique (one stop shop) pour les sociétés offshore, au Liban, c’est très compliqué de s’y retrouver dans les méandres des formalités administratives. Un exemple : alors qu’en théorie les employés des sociétés offshore dont le bilan dépasse le milliard de livres n’ont pas besoin d’un permis de travail, en pratique il est exigé. Ce dont un Libanais peut s’accommoder pour des raisons de convenance personnelle devient un véritable handicap pour un investisseur étranger. »
L’homme d’affaires s’inquiète aussi des velléités du gouvernement de modifier le montant de l’impôt sur les bénéfices des sociétés offshore : un projet de le porter à 10 000 dollars a été évoqué dans le projet de budget pour 2011 et finalement abandonné dans celui pour 2012. « Ce n’est pas le montant qui est en cause, mais le principe : rien n’est pire que de modifier les règles du jeu, les investisseurs recherchent avant tout la sécurité et la stabilité juridique. »

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