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Tourisme alternatif : visiter le Liban… autrement

Parapente, deltaplane, spéléologie, escalade, rappel, rafting, canyoning, ski de randonnée… le tourisme d’aventure, tout comme l’écotourisme, n’a pas encore de définition précise de par le monde. Il implique des activités de plein air réalisées dans un cadre naturel, nécessitant un effort physique et comportant un risque relatif.
Il est très lié à l’écotourisme : l’étudiant qui décide d’aller faire du rafting dans le Hermel passe souvent la nuit dans un écolodge de la région et se balade le lendemain sur les sentiers de randonnée avoisinants.
Encore l’apanage de quelques passionnés au Liban, il se développe lentement mais sûrement, encouragé par une riche géographie, et une augmentation progressive de l’offre : les grottes sont nombreuses, les cours d’eau aussi, les montagnes proches de la mer favorisent les sauts en parachute avec des vues exceptionnelles, la roche libanaise, calcaire, est idéale pour l’escalade et le rappel, etc.
La plupart des sociétés de tourisme d’aventure ont commencé par passion : « J’avais appris le parapente en France, explique Raja Saadé, ingénieur de formation. En rentrant au Liban au début des années 90, j’ai commencé à donner des cours de parapente par hobby et j’ai créé Esprit d’aventure avec ma femme en 1992-93. »
Le manque de réglementation ne l’empêche pas de développer son affaire et de créer une école de parapente, Club Thermic. Car le ministère du Tourisme, s’il ne met pas lui-même en place de réglementation sur le tourisme d’aventure, avance que toutes les agences doivent se conformer aux standards internationaux de sécurité dans leurs activités. « Nous avons établi les règles et normes de sécurité avec l’État, explique Saadé. Selon la classification du ministère de la Jeunesse et des Sports, nous sommes un club de plein air, qui pratique le vol libre ; nous avons défini la liste des sites où nous pouvons voler avec l’armée ; et le permis pour l’école est délivré par le ministère des Transports. »
Même son de cloche chez Michel Mansour, du club Edelweiss qui propose des activités d’escalade, de rappel, et de spéléologie. « Il n’y a pas de club officiel, ce sont des groupes ; nous travaillons en association avec la Fédération française d’escalade. » La formation est assurée par le secteur privé : la Réserve d’Afqa organise chaque année des formations à l’escalade avec des guides internationaux, auxquelles 30 personnes assistent environ.
La clientèle aventureuse est composée en majorité de Libanais souvent jeunes, souvent en vacances, et de quelques étrangers. « Très peu de nos clients en font un sport régulier, beaucoup viennent tenter l’expérience du rappel et de la descente dans la cave, et ne vont pas plus loin », témoigne Michel Mansour.
À l’étranger, le Liban n’est pas encore vendu comme une destination de tourisme d’aventure, même s’il en aurait le potentiel. Une réglementation plus claire et une action concertée du secteur seraient en effet nécessaires, et ce n’est pas encore le cas.
Un des créneaux qui, paradoxalement, se développe doucement auprès des étrangers est le ski de randonnée. Liban Trek organise des séjours depuis sept ou huit ans : « Nous recevons surtout des Italiens et des Français », témoigne Michel Moufarrej. Raja Saadé, qui s’est lancé sur le créneau il y a quatre ans, affirme avoir reçu six groupes de sept personnes environ en 2012. « Il y a un réel potentiel, estime-t-il. Les adeptes du ski de randonnée aiment bien se rendre en dehors de leur terrain de jeu habituel. Le Liban est une destination exotique pour eux. » Avec ses distances relativement courtes et ses nombreux jours d’ensoleillement, le Liban offre un ski de randonnée de qualité. « Sans compter que nos clients, majoritairement européens, sont moins sensibles à la situation régionale que les touristes classiques. »

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