Justifiés ou non, les chiffres parlent d’eux-mêmes, Ramlet el-Baida est l’une des régions les plus chères du Liban. Selon The Quarterly, le bulletin de la société Ramco Real Estate Advisers, cette région littorale affiche des prix des appartements et des incidences foncières plus élevés qu’au centre-ville de Beyrouth. Ces records traduisent une notoriété bâtie dans les années 1960
qui ne cesse de se renforcer depuis le milieu des années 2000.

Situés le long de la plus grande plage publique de Beyrouth, les appartements du front de mer de Ramlet el-Baida bénéficient de vues à 180 degrés sur le littoral. À la différence des immeubles de Jal el-Bahr et Aïn el-Mreissé, admirer le coucher du soleil s’y paie au prix fort. Les promoteurs demandent des prix aussi élevés qu’autour de la baie du Saint-Georges à Minet el-Hosn. Avec une valeur de départ de 8 500 dollars le m2 après négociation, résider dans ce quartier est devenu un luxe. Pourtant, les vues du front de mer de Ramlet el-Baida ne peuvent pas faire oublier un paysage urbain contrasté : plusieurs immeubles dégradés et abîmés par les vents marins, plusieurs parcelles en friche, peu d’espaces verts et de palmiers, et un jardin public abandonné. Aucune comparaison avec l’urbanisme parfaitement planifié du centre-ville. Malgré cela, la cote de l’avenue Rafic Hariri ne faiblit pas. Avec des incidences foncières d’environ 5 000 dollars le m2, les prix des huit dernières parcelles disponibles directement exposées sur le littoral atteignent des sommets. Cette surenchère ne peut être équilibrée par les promoteurs qu’en réduisant les coûts de construction qui sont moins chers à Ramlet el-Baida qu’au centre-ville, où le cahier des charges de Solidere est rigoureux. Même constat pour la parallèle à l’avenue Rafic Hariri, la rue Thomas Edisson propose des appartements à partir de 6 000 dollars le m2, soit autant que l’avenue des Français au centre-ville ! Les incidences foncières y varient de 3 250 à 3 500 dollars le m2.
Traversant Ramlet el-Baida, la rue Farid Trad s’étire de Verdun à Jnah. La partie nord autour de la caserne militaire manque de charme avec son tissu ancien contrairement à la partie sud qui devient un axe large et agréable. Les nouveaux projets résidentiels y sont recherchés. Mais, il ne reste plus qu’une dizaine de parcelles à bâtir. Les incidences foncières demandées (de 2 750 à 3 000 dollars le m2) y sont 20 % moins chères que dans certains quartiers du centre-ville. Les promoteurs, pour compenser la cherté du foncier, doivent également réduire les coûts de construction et ajouter des espaces commerciaux au rez-de-chaussée des immeubles.