Un article du Dossier

Success stories libano-arméniennes

Du Liban, les Bakalian ont immigré en Afrique : Léna et Serge Bakalian, deux des enfants de Vasken Bakalian, sont aux commandes des deux moulins, au Ghana et au Togo.

Lamia Maria Abillama

L’aventure africaine des Bakalian débute grâce à une rencontre avec Edmond et Anthony Irani, deux Libanais émigrés au Ghana. « À la fin des années 60, les frères Irani obtiennent une licence du gouvernement du Ghana pour construire un moulin. Ils rentrent alors à Beyrouth à la recherche d’un partenaire-expert dans ce domaine. C’est le début de notre association », se souvient Léna Bakalian, la fille de Vasken Bakalian, décédé en 2007. Irani Brothers & Others voit le jour en 1967. « Nous étions les Others. » Aujourd’hui, ce moulin existe toujours. Il emploie 350 salariés, importe une moyenne de 180 000 tonnes de blé par an et a réalisé un chiffre d’affaires de 115 millions de dollars en 2010. Les Bakalian toutefois ne sont plus de l’aventure : à la fin des années 70, les deux familles se séparent. « Je n’en ai jamais su l’exact motif. » 
En 1974, les Bakalian démarrent l’exploitation d’un autre moulin au Togo. « Des Français – la société Voyer et la famille Renard – sont venus nous solliciter pour investir dans la Société des grands moulins du Togo. Ils avaient monté l’usine, mais n’avaient plus assez de fonds pour la faire tourner. L’État togolais en détenait 45 % des parts. On s’est associé. Fin 1990, le moulin a été privatisé. Ma famille est désormais majoritaire à hauteur de 59 % », poursuit Léna Bakalian, qui administre aujourd’hui ce moulin avec sa mère, Élisabeth, directrice générale adjointe, et son frère Serge, directeur général. Léna Bakalian précise : « De plus en plus, c’était mon père qui suivait l’Afrique ; son frère se concentrait sur le Liban. » Aujourd’hui, le moulin du Togo assure une production moyenne de 500 tonnes de farine par jour.
La même année, les Bakalian reprennent leur activité au Ghana : Vasken achète un terrain à Takoradi, à environ 220 km de la capitale. Il y construit un moulin, le Takarodi Flour Mills, qui compte aujourd’hui 350 employés et peut moudre jusqu’à 1 200 tonnes par jour de blé. Mais la situation économique du Ghana « affecte les ventes et la performance financière de l’entreprise », si on en croit un rapport sur l’économie ghanéenne de 2012. La flambée des cours du blé, portée par des catastrophes climatiques à répétition et la spéculation, est aussi responsable d’une diminution de l’activité. En 2008, l’année où la tonne a coûté jusqu’à 800 dollars, les ventes du moulin Bakalian au Ghana ont chuté de 40 à 50 %. « Contrairement au Liban, le blé n’est pas subventionné », rappelle Léna Bakalian. Malgré cela, le moulin figure toujours parmi les grands acteurs du secteur au Ghana : les Bakalian détiennent près de 45 % de parts de marché (contre 50 % pour le moulin de la famille Irani). Depuis peu, en 2000, Serge et Léna Bakalian ont ouvert un resort de luxe sur la côte atlantique du Ghana, le White Sands, qui accueille jusqu’à 20 VIP. « La chambre en “first class” est à 1 000 euros la nuitée avec piscine privée. »

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