Beyrouth Boutique Bureau propose aux entreprises des bureaux tout équipés, assortis de services administratifs. Un concept en vogue au Liban, porté par le renchérissement des baux commerciaux et la qualité parfois médiocre du parc locatif.
Si elles se comptent actuellement sur les doigts d’une main, les entreprises de location de bureaux tout équipés essaiment lentement mais sûrement à Beyrouth, portées par le renchérissement des baux commerciaux et la qualité souvent médiocre du parc locatif. Dernier en date : Beyrouth Boutique Bureau (BBB), un complexe de 800 mètres carrés comprenant dix bureaux et quatre salles de conférences situé à Achrafié, en face du centre Sofil. Le principe est simple : proposer, en plus d’un espace de travail, une série de services visant à simplifier la vie du client. Celui-ci bénéficie de la présence d’une secrétaire, d’une assistance administrative ou encore d’un service de télécommunications permettant d’être joignable partout dans le monde sur le même numéro. Les simples bureaux, salles de conférences et de réunions s’y louent à l’heure, à la journée ou au mois. Si les fondateurs de BBB sont eux-mêmes locataires des locaux, ils ont investi “plusieurs milliers de dollars” pour leur agencement et l’installation du système informatique. Quatre salariés sont présents en permanence sur le site : une secrétaire, une réceptionniste, un assistant administratif ainsi que le directeur. Huit mois après son ouverture, l’entreprise présente un bilan encourageant. « Environ 70 % de nos locaux sont occupés, ce qui correspond à nos attentes pour la première année », précise Joe Sahyoun, l’un des fondateurs. BBB répond selon lui à une vraie demande. « Nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’entreprises souhaitaient avoir une domiciliation ou un hébergement à Beyrouth le temps de conclure une acquisition immobilière ou d’ouvrir leurs propres bureaux, explique-t-il. Les avocats gèrent ce service, mais ils se plaignent que cela leur prend trop de temps. » Également dirigeant d’Algave, une entreprise aidant les compagnies étrangères souhaitant s’implanter au Liban, Joe Sahyoun s’est rendu compte que ce besoin était régulièrement exprimé par les clients et les avocats avec qui il travaille. Il peut également s’agir de Libanais vivant à l’étranger, mais souhaitant créer une affaire au Liban et disposer d’un lieu de travail de manière ponctuelle. Autre cible : les créateurs de start-up, souvent jeunes diplômés, qui veulent avoir un bureau de standing élevé pour accueillir leurs interlocuteurs. « Nous proposons des bureaux en open space – trois espaces de travail par pièce – à 700 dollars par mois tout compris avec Internet, l’électricité, le ménage et tous nos autres services. Il est impossible de louer un local à ce prix-là à Beyrouth », ajoute le cofondateur. BBB parie sur la flambée des prix de l’immobilier dans la capitale et la rareté des bureaux en bon état disponibles à la location pour que son offre soit perçue comme attractive. « Nous permettons au client de s’installer dans un grand espace à un prix abordable », insiste Nadine Assi, manager de BBB. Au mètre carré, le tarif est pourtant nettement plus élevé que celui d’un bureau de haut standing loué sur le marché. « À Beyrouth, il faut compter environ 375 dollars par mètre carré et par an », précise Guillaume Boudisseau, consultant immobilier chez Ramco. Beyrouth Boutique Bureau facture le mètre carré d’un bureau partagé à un minimum de 1 200 dollars par an. « Il existe beaucoup de bureaux libres et moins chers sur le marché beyrouthin, mais il faut cependant y effectuer des travaux d’aménagement et ajouter le coût de tous les services annexes. Le bureau tout équipé a l’avantage de la facilité. »L’entreprise est la cinquième à avoir ouvert sur le marché libanais du bureau tout équipé. Avec 100 bureaux répartis depuis fin 2005 dans le périmètre de Solidere, Regus est le leader du secteur. Ses concurrents sont de taille plus petite, mais tablent eux aussi sur la croissance du marché. « Plus nous sommes nombreux sur ce créneau plus le concept sera connu des Libanais », explique Joe Sahyoun.
| Un nouveau service : le bureau virtuel Les loueurs de bureaux équipés proposent un nouveau service, celui de bureau virtuel qui met à la disposition des clients un certain nombre de services à distance. Il s’agit d’un suivi des appels et des courriels, de l’accès à une base de données en ligne… Le coût de ces services administratifs à distance est d’environ 300 dollars par mois. Selon Samer Abdallah, manager de “My Office”, de plus en plus d’entrepreneurs sont intéressés par cette formule. « Au Liban, les opportunités de travail sont limitées et monter son affaire est toujours risqué, explique-t-il. Le bureau virtuel permet de limiter les pertes en cas d’échec, car l’entrepreneur n’a pas investi dans la rénovation et l’agencement d'un local. » Les profils des clients sont variés. « Il peut s’agir d’une mère de famille qui souhaite travailler tout en restant chez elle pour s’occuper de ses enfants, de compagnies étrangères qui souhaitent avoir une domiciliation au Liban ou d’entreprises libanaises installées hors de Beyrouth qui veulent une adresse physique dans la capitale. » |
| Les principales entreprises de bureaux tout équipés • “My Office”. À Hamra et Ras Beyrouth depuis 2010. Treize bureaux privés, “VIP”, “Executive” ou “privé” selon le standing. Quatre bureaux partagés et possibilité de bureaux virtuels à l’année. Selon Samer Abdallah, créateur de My Office, la clientèle du site est avant tout nationale. Il faut compter au minimum 600 dollars pour un bureau privé. « Nous avons préféré créer une communauté plus restreinte avec un esprit boutique », dit Samer Abdallah, qui a davantage investi sur la décoration intérieure que sur la quantité de bureaux. Le taux d’occupation est de 80 %. Quatre employés accompagnent les clients : un manager, une secrétaire, un assistant de bureau et deux personnes à mi-temps pour le ménage. “My Office” est propriétaire de ses bureaux et ne souhaite pas communiquer son chiffre d’affaires. • “Regus”. Présent à Beyrouth depuis 2005. Leader du marché avec 100 bureaux répartis sur deux sites, soit 2 600 mètres carrés. L’entreprise a d’abord débuté à Solidere en 2005, puis a ouvert 40 bureaux dans les Souks de Beyrouth en 2011. Cette année, sera inauguré un nouveau local à Mathaf avec également quarante nouveaux bureaux. La demande est en effet importante. Entre 60 et 80 % de la clientèle est composée de multinationales. « Il s’agit pour elles de ne pas perdre de temps à gérer les tâches administratives dont nous nous occupons, explique Sasha Khalil, directrice générale de Regus Liban. Pour les plus petites entreprises, il s’agit également de diminuer les coûts, car cela revient moins cher de louer un espace et de bénéficier de tous nos services en même temps que de s’occuper de tout soi-même. » Le prix d’un bureau privé au mois est de 600 dollars minimum. Le taux d’occupation est de 90 % sur les deux sites. Quatre employés travaillent sur chaque site, dont Regus est propriétaire. • “Servcorp”. Créée en 1980 cette entreprise australienne, pionnière en matière de bureau virtuel, est présente en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Le complexe de Beyrouth a ouvert en 2010 dans les Souks de Beyrouth avec huit bureaux, ainsi que des salles de réunions et des bureaux virtuels. • “Berytech”. Rattaché à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, son principal actionnaire et propriétaire des locaux, Berytech se distingue des autres entreprises du secteur car, en plus de la location de bureaux, il propose un accompagnement des entrepreneurs : formations, aide à l’export du produit, mise à disposition d’un réseau de contacts. Quelque 70 bureaux sont mis à disposition de jeunes diplômés ou de créateurs de start-up, répartis sur deux sites. Tous ont des projets en relation avec la technologie. Le premier site a ouvert en 2001 à Mathaf. Le deuxième en 2006 à Mar Roukoz. Un troisième complexe va ouvrir à Beirut Digital District en février 2014. Quinze salariés s’occupent de l’accueil et de l’aide aux entrepreneurs. |


