Le secteur Foch-Allenby demeure l’une des principales adresses commerciales du centre-ville de Beyrouth. Toutefois, le ralentissement économique l’a sérieusement affecté ces dernières années.
Résultat, les loyers sont en baisse et des dizaines de boutiques sont vides.

Depuis la mise en place d’une zone de sécurité autour de la place de l’Étoile où l’accès est contrôlé, l’îlot Foch-Allenby est l’un des derniers secteurs piétonniers encore accessibles au centre-ville.
Y déambuler est agréable. Quadrillé par plusieurs rues pavées, le quartier regroupe des dizaines d’immeubles datant du mandat français entièrement rénovés. Une poignée de nouveaux immeubles (bureaux et appartements) et une élégante place publique (Harbour Square) dessinée par le cabinet paysagiste Gustafson Porter complètent ce cadre urbain parfaitement maîtrisé.
Cette spécificité a contribué à la notoriété du quartier Foch-Allenby qui est ainsi devenu une destination de prestige à Beyrouth. Les plus grandes franchises internationales haut de gamme : Louis Vuitton, Cartier, Dior, Chanel, Bvlgari s’y sont regroupées.
L’arrivée du bijoutier Mouawad et de l’enseigne Cadrans spécialisée dans les montres confirme que l’intérêt des professionnels du luxe pour cette région est intact.
Prochainement, le célèbre salon de thé Angelina (dont la franchise est détenue par le groupe local Boubess) doit ouvrir ses portes rue Malek.
La réussite de Foch-Allenby repose en grande partie sur la stratégie du groupe TSG qui y a ouvert une vingtaine de points de vente dont les plus connus sont Aïsthi, Celine, Cartier, Dior, Diesel, Gucci. Il s’est même accaparé la quasi-totalité des emplacements de la rue Moutran. D’autres importants groupes du commerce au Liban y sont aussi présents comme les groupes Holdal, Tabet et Malia.
Incontestablement, Foch-Allenby est l’adresse du commerce du luxe à Beyrouth et ce ne sont pas les quelques enseignes éparpillées autour de l’avenue du Parc à côté du centre d’affaires Starco qui vont lui retirer ce titre.
Malheureusement, cette image idyllique s’est fragilisée avec la crise économique et touristique. Le commerce du luxe n’a pas été épargné. Cela s’est traduit par la fermeture ces dernières années de quelques franchises comme Ladurée, Max & Co., Coccinelle, Iro et IKKS. Ce ne sont pas des “grands” noms, mais quand même.
À ce jour, le quartier Foch-Allenby compte 45 locaux disponibles. Il n’y a jamais eu autant d’emplacements vides dans ce secteur depuis plus de 10 ans.
Les rues Youssef Rami et Tijara sont désertes depuis des années. Leur sort semble scellé. Les loyers ont chuté de 30 % de 2014 à 2015. Les propriétaires demandent pour un rez-de-chaussée de 400 à 550 dollars le m2 par an, mais la juste valeur ne devrait pas dépasser les 250 dollars le m2.
Plus grave, plusieurs disponibilités apparaissent dans des artères plus prestigieuses comme les rues Zaghloul, Allenby et Foch.
La baisse des loyers de 15 à
30 % depuis un an n’est pas assez suffisante pour encourager les professionnels à s’implanter. Puisque le secteur du luxe ne peut plus compter sur les touristes du Golfe, la survie des boutiques de Foch-Allenby repose désormais sur le pouvoir d’achat de l’élite locale. Mais les loyers ne sont plus proportionnels à la rentabilité des boutiques. Définitivement, la demande est inférieure à l’offre.
Actuellement, le long de la rue Weygand, pourtant l’axe le plus exposé et fréquenté, quatre locaux sont à la location. Certains sont disponibles depuis 2013 malgré une réduction de 30 % des tarifs.
La décote de Foch-Allenby pourrait s’avérer plus importante si le groupe TSG, qui doit ouvrir un grand magasin à côté des Souks de Beyrouth, décidait de transférer ses enseignes vers ce nouveau point de vente ultramoderne dessiné par l’architecte Zaha Hadid. Ainsi, le quartier serait orphelin de ses principales locomotives d’ici à 2017.