Situé dans le secteur résidentiel le plus chic du centre-ville, Minet el-Hosn devait devenir l’un des quartiers commerçants les plus huppés de Beyrouth. Mais le succès n’est pas au rendez-vous, hormis pour la restauration de luxe. 

La construction d’élégants immeubles résidentiels et de bureaux, signés par les plus grands architectes internationaux, n’a pas permis au quartier Minet el-Hosn de s’imposer comme une destination commerciale d’envergure. À ce jour, le bilan est plus que mitigé. La multiplication des locaux vacants prouve que le mal est profond et n’est pas prêt à se résorber.

Les nombreuses vitrines abandonnées donnent un bien triste spectacle.

Deux raisons se dégagent. Primo, les loyers et les prix demandés sont disproportionnés. Deuxio, l’offre dépasse la demande, puisque tous les nouveaux projets proposent des emplacements commerciaux sans avoir quantifié au préalable l’intérêt des commerçants et des restaurateurs. Il y a désormais un surplus de locaux, qui ne trouvent pas preneurs.

Les disponibilités se concentrent le long de cinq axes : les rues Besançon et Omar Daouk et les avenues des Français, Wafic Sinno et du Parc.

Selon l’agence de conseil immobilier Ramco, il y aurait plus de 20 500 m2 de locaux actuellement à louer et à vendre dans ces cinq secteurs.

La rue Besançon qui relie Clemenceau à Bab Idriss n’attire pas. La présence de blocs de béton devant les boutiques et donc l’interdiction aux clients de se garer pénalisent l’activité commerciale. Plusieurs locaux dans les immeubles Wadi Hills et Wadi Grand Residence sont à la vente depuis de nombreuses années. On y trouve les loyers les plus bas du quartier, à partir de 500 dollars par an le m2.

Le paysage commercial le plus attristant se trouve rue Omar Daouk avec une succession de vitrines à louer et à vendre. Pourtant, il s’agit de l’adresse d’affaires la plus prestigieuse de Beyrouth avec des immeubles de bureaux de renom comme The Palladium, M1 Building, Starco et Stratum. Les loyers des bureaux y sont parmi les plus élevés du Liban. Par contre, l’activité commerciale n’arrive pas à décoller. Les nouveaux projets immobiliers s’y sont succédé, avec leurs lots de boutiques, mais la demande n’a pas suivi. L’enseigne Mac Laren vient d’ouvrir au rez-de-chaussée de l’immeuble 3Beirut, mais il reste encore une petite dizaine de locaux vacants. Idem pour un immeuble de bureaux récemment terminé qui n’a loué que deux emplacements, soit à peine 25 % de son stock. Les valeurs locatives rue Omar Daouk varient de 700 à 900 dollars le m2 par an.

L’avenue Wafic Sinno compte quelques enseignes de luxe comme Porsche et Tom Ford. Toutefois, depuis quelques années, les boutiques au rez-de-chaussée de l’immeuble 24 avenue du Parc se vident et les repreneurs ne se bousculent pas.

Il y a plus de 4 400 m2 de locaux vacants le long de l’avenue du Parc. Toutes les boutiques de l’immeuble 45 Park Avenue sont disponibles. Les investisseurs ayant acheté un local dans Park Palace cherchent aussi depuis plusieurs mois à louer leur bien, sans succès. Les loyers varient de 700 à 1 000 dollars le m2 par an.

La dynamique le long de l’ancienne avenue des Français est contrastée. La majorité de la rue est un alignement de vitrines vides. Par contre, au niveau de l’immeuble Eden Gardens, c’est l’hystérie. Depuis le succès de la brasserie Métropole, ce secteur est le rendez-vous de l’élite beyrouthine qui aime s’afficher aux terrasses des restaurants installés dans ce petit périmètre. Contrairement à l’ensemble de Beyrouth, les loyers ne faiblissent pas. Dès que les enseignes Yabani et Cuccina ont fermé, de nouveaux concepts de restaurants ont pris leur place. Le groupe Boubess a fermé après quelques mois Cuccina pour ouvrir Mandarine qu’il avait fermé à Verdun. Le local de Yabani a été repris par Numéro 6. Certains locaux sont loués sur la base de 1 200 à 1 500 dollars par m2 par an. Ces prix sont parmi les plus élevés du centre-ville de Beyrouth.


Structure commerciale à Minet el-Hosn

Nombre de locaux inoccupés : 55
Surface totale : environ 20 500 m2
Loyer demandé : de 500 à 1 500 dollars le m2 par an
Prix de vente demandé : de 8 000 à 18 000 dollars le m2

Les boutiques du centre Starco n’ont pas été prises en compte.

Source : Ramco SARL – septembre 2017.