Située le long du campus de l’Université américaine, la rue Bliss s’est affirmée comme l’une des principales destinations de snacks et fast-foods de Beyrouth. Mais c’est aussi une adresse résidentielle haut de gamme où le mètre carré est l’un des plus chers de la capitale.

G.D.

La notoriété commerciale de la rue Bliss ne faiblit pas. Sa dynamique est portée par la proximité de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et de l’hôpital américain qui lui assure un flux quotidien de milliers d’étudiants, d’employés et de patients.

La structure marchande est logiquement dominée par la restauration rapide (fast-food, sandwicheries, crêperies, hot dog, glaciers, jus, etc.). Les enseignes ciblent une clientèle avec un petit budget qui cherche, avant tout, à payer le minimum quelle que soit la qualité proposée. La formule la plus courante est de manger sur le pouce, en quelques minutes sans s’attabler, soit debout sur le trottoir, soit dans sa voiture garée en double file dans la rue.

Naturellement, toutes les enseignes locales et internationales y sont présentes, telles que Zaatar Wa Zeit, Bliss House, Dunkin’ Donuts, Burger King, McDonald’s, Malak al-Taouk). Le fast-food américain Eggslut y a également ouvert son premier point de vente beyrouthin en septembre.

L’arrivée ces dernières années des franchises Paul, Urbanista et Roadster Diner, dans la galerie marchande 1866, a permis une montée en gamme, ces établissements offrant de larges terrasses et des espaces pour se poser.

La rue Bliss est une adresse recherchée par les professionnels de la restauration mais également par les banques comme le prouve la récente ouverture d’un distributeur de la Byblos Bank.

Mais la demande dépasse l’offre. Les disponibilités le long de la rue sont extrêmement rares, puisque plusieurs emplacements sont encore sous la loi des anciens loyers. Le roulement se fait donc sur un petit nombre d’emplacements dont les propriétaires n’ont aucune raison d’être flexibles et de baisser leurs tarifs. Ainsi, les loyers varient de 800 à 1 200 dollars le m2 par an et les prix pour un kiosque de 10 à 15 m2 peuvent s’élever de 1 500 à 2 000 dollars le m2 annuel.

Malgré une forte demande, plusieurs locaux restent cependant vides au niveau de l’entrée principale de l’AUB. Cette bizarrerie s’explique par le fait que le propriétaire ne veut pas les mettre sur le marché. Cette succession de vitrines abandonnées marque une première cassure dans la continuité commerciale de la rue. Quelques mètres plus loin, la fermeture de tous les commerces au rez-de-chaussée de l’immeuble Edisson marque une seconde coupure. Quel dommage de voir des façades dégradées et sales le long d’une des rues les plus chères de Beyrouth !

À partir d’Edisson, commence l’autre facette de la rue Bliss, c’est-à-dire une adresse résidentielle haut de gamme avec la multiplication d’immeubles de standing comme Bliss Gardens 1 et 2, Bekhazi, Bsat, Bliss 697, Bliss 822 et Majestic Tower.

Avec un mètre carré entre 4 000 et 8 000 dollars le m2 au premier étage, Bliss bénéficie d’une excellente cote auprès de l’élite locale. Le ticket d’entrée affiché se situe autour de 900 000 dollars pour une surface de 150 m2 et s’envole à cinq millions pour un 650 m2.

La fourchette des prix varie en fonction des vues. Logiquement, les valeurs décollent avec un dégagement sur le littoral et le campus universitaire de l’AUB riche en bâtiments historiques et en espaces verts. Les appartements les plus chers sont affichés de 6 000 à 8 000 dollars le m2 au premier étage. De telles valeurs positionnent la rue Bliss comme l’une des plus chères de la capitale. Les prix y sont aussi élevés qu’au centre-ville.

À l’opposé, les prix chutent lorsqu’il n’y a pas de vues et commencent à partir de 4 000 dollars le m2.

Néanmoins, la crise immobilière n’a pas épargné Bliss où les valeurs se sont effritées de 10 à 15 % depuis 4 à 5 ans. Ainsi, dans le contexte actuel, un mètre carré au premier étage à 8 000 dollars peut difficilement trouver preneur.