Pour la troisième année consécutive, le nombre de chantiers d’immeubles résidentiels à Beyrouth est en baisse, selon le baromètre de la société de conseil immobilier RAMCO. 269 chantiers sont en cours, soit une chute de 13 % par rapport à 2017.

La diminution du nombre de projets résidentiels à Beyrouth corrobore avec la baisse du nombre des permis de construire au cours des huit premiers mois de 2018. Selon l’Ordre des ingénieurs, le nombre de permis a dégringolé de 23,8 % par rapport à 2017.

À l’heure actuelle, Beyrouth compte 269 chantiers résidentiels. 64 % des immeubles se trouvent à l’ouest de Beyrouth. Parmi les quartiers les plus dynamiques, ceux de Aïcha Bakkar et de Ras el-Nabeh, qui comptent plus de dix chantiers chacun. À Achrafié, on recense 89 projets (11 % de moins qu’en 2017). Ce sont les régions de Geitaoui, Saïfi et Badaro qui sont les plus denses en termes de nouvelles constructions. Les promoteurs y sont en effet attirés par le coût des terrains intéressants, la demande et les disponibilités foncières. Au centre-ville, en revanche, peu de changements : on recense seulement huit chantiers en cours, dont plusieurs sur le point d’être livrés. Seulement trois ont été lancés au cours des quatre dernières années au cœur de Beyrouth. En tout, ces projets représentent 7 146 unités et une surface totale de 1,3 million de m2.  C’est un net recul : un million de m2 de moins qu’en 2013 ! Au final, la chute du nombre de chantiers est de 30 % de 2016 à 2018. Il y a 116 projets de moins par rapport à deux ans.

Sans surprise, le contexte économique actuel – seulement 1 % de croissance en 2018 selon la Banque mondiale – explique en partie la prudence des promoteurs. Ils sont d’autant plus frileux que volume et valeur sont en baisse. De plus, les difficultés des promoteurs à écouler leur stock et l’accumulation des invendus affectent la dynamique du marché.

Le nombre des promoteurs encore actifs sur le marché est de même en forte baisse. Certains ne sont plus opérationnels comme le prouve quelques immeubles vides ou à l’abandon. Le ralentissement du marché immobilier a fait fuir les groupes d’investisseurs, qui s’étaient engouffrés dans le secteur avides de gains rapides et faciles. Ceux qui ont construit de 2005 à 2010 n’ont plus renouvelé l’expérience préférant d’autres types d’investissement souvent plus avantageux. Dans cette logique, les « meilleurs » et les plus professionnels sont restés.

Véritable fléau, le marché foncier reste paralysé par la cherté des terrains. Beaucoup de propriétaires ne veulent pas s’adapter à la nouvelle conjoncture immobilière. Se moquant de la baisse des prix des appartements, ils maintiennent des prix des parcelles irréalistes et injouables. Dans ces conditions, les promoteurs éventuels réalisent que le profit potentiel entre les dépenses (prix de la terre et coût de construction) et les gains (vente des appartements) est insuffisant.

À cela s’ajoute le fait qu’il est de plus en plus difficile de trouver des parcelles disponibles. Certaines parcelles ont des anciens locataires ou un “cachet » architectural” (façades à caractère et les immeubles patrimoniaux), qui rend la destruction de l’immeuble plus difficile. C’est le cas, par exemple, dans le secteur de Furn el-Hayeck où on comptait quatorze chantiers en 2015 et seulement quatre en 2018.

La pénurie des chantiers se voit dans de nombreux quartiers de Beyrouth. Au grand soulagement des résidents, certaines rues ont retrouvé leur calme et leur quotidien n’est plus gêné par le va-et-vient des camions de construction. Ainsi, il n’y a plus de chantiers le long des rues Verdun, Jeanne d’Arc, Madame Curie, Clemenceau, Trabaud et Monnot.